The Machine - La chronique CD

Notre avis : Kevin Depoorter, compositeur des Hauts-de-France participe à plusieurs projets liés à la musique électronique. Il est membre de Guik et de Goodbye Rosa, tous deux groupes d’électro-rock. Il a décidé, afin de pouvoir offrir une liberté totale à sa créativité, de produire et de composer un album solo sous le pseudonyme de Magnetic Rust. Cet album intitulé The Machine est "un album concept" - dixit Kevin Depoorter - sorti le 26 février 2019.

Kevin Depoorter. Photo de Jérémy Fievet

Kevin Depoorter a tout réalisé au sein de cet opus. En tant qu’autoproducteur, il a créé Rouille Magnétic Records, qui distribue son CD sur le marché. Il a réfléchi à la jaquette du disque :

Magnetic Rust, The Machine, (autoproduit), 26-02-2019.

Au premier coup d’œil, on sent l’influence de l’art abstrait, plus précisément de Kandinsky, mais aussi de Depeche Mode - source d’inspiration de Magnetic Rust - à travers les jaquettes de Sounds of The Universe et des Remixes 81-04. Les figures géométriques suggèrent les initiales de l’artiste. De plus, en faisant subir une rotation de la jaquette de 90° vers la droite, à la manière de "DM" (pour Depeche Mode), on peut apercevoir, pointé par le triangle rouge le "K" de Kevin et délimité par le demi-cercle blanc, le "D" de Depoorter.

L’album The Machine est placé sous le signe du concept, de l’art moderne et surtout de la musique totalement électronique, vouée à l’engagement, à l’évocation et à la narration. Nourri des BOF de Metropolis, de Blade Runner, d’Escape from New York, d’Oblivion et de Tron Legacy, Magnetic Rust développe une musique qui raconte une histoire à la fois contemporaine et futuriste de la technologie et de l’homme et de leurs interactions progressives. On passe en effet de "Exploration" à "End of The Battle", à travers toutes les étapes des méfaits de la technologie sur l’homme : son aliénation, son instrumentalisation, sa régression, sa déshumanisation, sa destruction, sa reconstruction. Le contenu qui semble pessimiste démarre ; "Exploration" :
et s’achève sur une note optimiste, "End of The Battle"
Tout cela se ressent à travers l’atmosphère que les claviers de Magnetic Rust génèrent, propices à faire rêver, avec l’introduction de la voix humaine dans le premier morceau et des chants aviaires dans le dernier.
Kevin Depoorter, pour composer ses morceaux, utilise des synthétiseurs virtuels. Comme il l’explique, "ce sont les modèles existants que l’on retrouve sous forme de logiciels. Je possède sur mon Mac dix synthétiseurs. Pour réaliser The Machine, j’ai beaucoup utilisé le Moog, le Oberheim et le Prophet."
Certains morceaux ont donné lieu à des vidéos - le compositeur ne souhaite pas parler de clips -, issus de montages à partir d’images libres de droit. Ces mises en image sont visibles sur YouTube.
1. "Exploration"
3. "Automation"
5. "Bad Progress"
7. "The Machine"
9. "End of The Battle"
L’ensemble confirme le souhait de Magnetic Rust de construire une musique mimétique du thème qu’elle développe. L’apogée est atteint avec le morceau "The Machine", éponyme du titre de l’album, car on entre de plain-pied dans la question de la cinématique et de la cinématographie. Les sons et les images se combinent pour concrétiser le concept.

"The Machine"
La vidéo présente un monde en verticalité (écran, fenêtres, immeubles, cheminées de centrales) et en horizontalité (routes, ponts, déchetteries), en débutant avec des voix humaines mélangées et coupées, alternant des sons aériens presque dark et des sons aigus répétitifs, encadrés par une vague sonore plus grave qui s’accélère. La musique accompagne ainsi le regard sur le monde humain et le monde naturel. Elle narre la tentation d’accompagner l’oiseau qui plane en toute quiétude, de survoler les forêts, toutefois menacée par l’orage qui gronde, annonciateur de la catastrophe à venir, générée par la vitesse des véhicules, la télévision et la fenêtre qui empêchent de toucher le vrai réel. "The Machine" trouve son refrain dans la répétition visuelle du paradoxe que constitue le visage humain, portant un masque à gaz tout en se projetant de la fumée : l’homme a généré la machine artificielle pour se protéger et se détruire à la fois, au lieu de préserver la machine naturelle qui est la seule issue de sa préservation.
Issu des Hauts-de-France, Kevin Depoorter, alias Magnetic Rust, s’impose donc comme une nouvelle figure de la French Touch, même s’il ne prévoit pas de se produire en concert. D’ailleurs, il travaille déjà sur son second album, toujours autoproduit, dont la sortie est prévue pour octobre 2019. Trois morceaux sont déjà proposés à l’écoute sur son site : "Elevation", "Fear of The Sun" et "La Chute".