La Guerre des Deux-Roses
Le 8 novembre 2018
Le venin du pouvoir coule dans les veines de Benedict Cumberbatch et offre une seconde saison où la quête de la couronne empoisonne l’âme la plus saine.
- Réalisateur : Dominic Cooke
- Acteurs : Sally Hawkins, Sophie Okonedo, Benedict Cumberbatch, Hugh Bonneville, Tom Sturridge
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Britannique
- : L’Atelier d’images
- Durée : 360mn
- Titre original : The War of the Roses
- Date de sortie : 23 octobre 2018
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Résumé : Alors que la guerre fait rage en France, les nobles anglais commencent à se soulever les uns contre les autres. Au lendemain de la défaite d’Orléans, Henri VI, encore nourrisson, est proclamé nouveau roi d’Angleterre. Dix-sept ans plus tard, les rivalités entre grands seigneurs se sont intensifiées : orgueil, avidité et ruse règnent à la cour...
Notre avis : Il en aura fallu du temps, et des efforts intenses pour y parvenir mais ils ont fini par réussir : grâce à la saison 2 de The Hollow Crown, les Anglais font enfin passer Jeanne d’Arc pour une hérétique ! Alors que la première saison s’achevait sur la mort du roi Henri V et une situation politique instable pour l’Angleterre, la saison suivante s’attarde sur les relations du pays avec ses proches voisins, notamment la France. La saison 1 étalait l’Histoire de l’Angleterre et pouvait parfois paraître obscure pour un public francophone qui aurait des difficultés à faire un parallèle entre les événements politiques de deux des trois belligérants de la guerre de Cent Ans. Jusqu’à l’apparition sur le champ de bataille d’une femme qui reste pour nous un symbole national ; grâce à elle, tout s’éclaire soudain : lors de la prise d’Orléans en 1429, le roi Henri VI d’Angleterre était au pouvoir, ce qui correspond au premier épisode de cette saison bien différente de la première, de par sa construction.
Les épisodes de cette seconde saison se suivent et ne peuvent être visionnés indépendamment. Les trois épisodes, de presque 2h chacun, ont un format ambitieux et presque cinématographique, là où la première saison avait parfaitement sa place à la télévision. Montant en puissance, la série a davantage confiance en elle, ce qui est indispensable étant donné le défi à relever.
- © Carnival. Tous droits réservés
La Guerre des Deux Roses. Henri VI. Richard III. Rien que cela ! Soit la guerre qui s’est soldée par la défaite du dernier souverain Plantagenêt d’Angleterre, laissant place à la dynastie des Tudor, les ancêtres de la famille Windsor… et donc de la reine Elizabeth II. Sans parler d’Henri VI, un roi trop fragile dont le caractère rappelle celui du roi Richard II (premier épisode de la première saison). Et enfin, Richard III, dont l’histoire a permis à William Shakespeare de connaître un succès éditorial sans précédent. Tout en étant l’objet de vives critiques qui ont traversé les siècles tout autant que la légende de ce roi qui serait, d’après l’auteur, un psychopathe ! Fourbe, menteur, cruel… tous les superlatifs ont été utilisés par le dramaturge pour évoquer ce souverain dont la soif de pouvoir n’avait d’égale que la tyrannie.
Inutile d’être un grand amateur de théâtre pour lire entre les lignes : pour une raison obscure, William Shakespeare détestait tout bonnement Richard III, et s’est servi de sa plume pour lui tailler une réputation qui a pris le dessus sur des faits historiques attestés par des hordes d’historiens, réunis sous le nom de "Ricardiens".
Au sein de plusieurs associations, notamment la Richard III Society, fondée en 1924 à Liverpool, des passionnés tentent de réhabiliter le défunt roi. Peine perdue : Richard III reste encore aujourd’hui un roi maudit, perdu pour l’Histoire et par la force de la littérature. Car la prose de Shakespeare a traversé les âges et le temps, au point que certains vers sont cités comme paroles d’Évangiles, étant pris au sérieux bien davantage que des siècles de recherches et de faits avérés.
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A travers cette seconde saison, The Hollow Crown permet de comprendre qu’il ne s’agit que de l’adaptation des ouvrages de William Shakespeare, soit une certaine vision de l’Histoire qui manque de réalisme et ne repose pas sur des faits véritables. Alors que la première saison incitait le public à croire que l’Histoire anglaise était bien celle exposée, la seconde saison est une fiction, et le revendique !
Difficile en effet de croire autre chose, surtout en tant que Français, quand Jeanne d’Arc made in Shakespeare arrive à l’écran pour un passage déconcertant. Voici donc l’une des femmes les plus célèbres de notre Histoire transformée en combattante sanguinaire qui poignarde ses adversaires dans le dos, parle un anglais châtié et profane des malédictions lors de son exécution, tout en ayant l’air possédée. En rappelant qu’un auteur peut romancer des faits, au risque de contrarier le travail des historiens en cas de trop grand succès, The Hollow Crown s’inscrit comme fiction historique tout en respectant l’œuvre de William Shakespeare, véritable mine d’or pour des comédiens tels que Benedict Cumberbatch, à qui la prose du dramaturge offre des morceaux d’anthologie à interpréter.
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Tel un internaute qui ferait monter le buzz petit à petit, le réalisateur Dominic Cooke, par ailleurs metteur en scène, dramaturge et directeur de théâtre ayant déjà collaboré avec la Royal Shakespeare Company, a finement distillé des informations, se reposant sur la réputation de Benedict Cumberbatch pour engranger un suspense insoutenable à chaque épisode de cette incroyable seconde saison. Chaque épisode et chaque acteur semblent n’être qu’une nouvelle marche qui mène au sommet, à savoir un comédien que chaque spectateur trépigne de voir à l’écran, surtout dans un rôle comme celui-ci.
Se concentrant d’abord sur l’interprétation tout en finesse de Tom Sturridge en Henri VI, puis sur le personnage venimeux de son épouse Marguerite d’Anjou, jouée par une Sophie Okonedo stupéfiante en peste qui encourage les trahisons familiales, la série monte en puissance en attendant son apothéose : le roi Richard III, psychopathe glaçant, prêt à tout pour ceindre la couronne d’Angleterre. Spectateur mais également acteur, le public sera ainsi pris à parti par un Benedict Cumberbatch qui parle à la caméra, faisant de lui son complice et le témoin impuissant de son double jeu. Difficile de rendre plus dynamique la mise en scène, qui s’attarde sur les visages, faisant sienne l’adage qui dit que les yeux sont le miroir de l’âme.
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En cherchant à comprendre les intentions véritables de chacun et à révéler la perfidie qui se cache derrière de belles paroles, la série change sans cesse de ton, de registre et joue sur les codes de la comédie et de la tragédie pour offrir des portraits saisissants de chaque personnage. D’une rare qualité, réunissant les plus grands talents de l’Angleterre, The Hollow Crown saison 2 brille artistiquement et tient à toucher les consciences en rappelant que le pouvoir peut rendre fou.
Nos sociétés se sont ainsi construites : voir jusqu’où nos ancêtres ont pu aller est un spectacle saisissant.
Le DVD
Les suppléments :
Tout comme pour la saison 1, les bonus de cette saison 2 ne sont pas à la hauteur de la série. Beauté des décors, qualité des costumes, adaptation de l’ouvrage à la télévision... Les sujets sont pourtant nombreux et auraient pu constituer une série d’entretiens avec l’équipe technique. Les acteurs ne sont pas sollicités davantage et ne sont interrogés sur leurs rôles que quelques minutes à peine. Certaines scènes, comme la bataille finale qui voit Richard III affronter le futur roi Henri VII, sont décortiquées afin de montrer l’envers des décors, mais sans entrer dans les détails et en se concentrant davantage sur la campagne anglaise. Dommage, il y avait pourtant tant à dire !
L’image :
D’une qualité supérieure, l’image est d’une raison de l’attrait que le public ne peut que ressentir pour cette série. Le support SD apporte un réel confort pour l’œil et un visionnage agréable, permettant de saisir chaque détail facilement.
Le son :
La restitution sonore est de grande qualité, ce qui est indispensable, car cette seconde saison, tout comme la première, n’est proposée qu’en version originale.
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