Le 19 août 2021
Avec ce biopic prestigieux, Netflix frappe fort, même si les épisodes sont inégaux. Des personnalités fortes, une reconstitution soignée, des tensions et un peu d’émotion, cela peut suffire à captiver un large public.
- Acteurs : Claire Foy, Matt Smith, Vanessa Kirby
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Américain, Britannique
- : Sony Pictures Home Entertainment
- Durée : 10 x 1h
- Date de sortie : 6 décembre 2017
– Sortie coffret DVD et Blu-ray : le 6 décembre 2017
Résumé : La série se concentre sur la Reine Élisabeth II, alors âgée de 25 ans et confrontée à la tâche démesurée de diriger la plus célèbre monarchie du monde tout en nouant des relations avec le légendaire Premier ministre Sir Winston Churchill. L’empire britannique est en déclin, le monde politique en désarroi… une jeune femme monte alors sur le trône, à l’aube d’une nouvelle ère.
Critique : Il y a dans l’épisode 5 une séquence programmatique de cette série : c’est le couronnement de la reine, retransmis pour la première fois à la télévision. L’image se fige sur le petit écran en noir et blanc, puisqu’on ne peut filmer l’onction ; les téléspectateurs de l’époque n’ont donc rien vu de ce moment sacré. Or la série nous la montre, cette onction, en détails et en gros plans. Autrement dit, nous allons voir ce que personne n’a vu : les coulisses, l’intimité d’Élisabeth II, mais aussi la vie privée de son mari, de sa sœur, de Churchill pendant les premières années de son règne… Cela ne va pas sans faste – on est après tout dans une fiction de prestige. Mais l’impression parfois tenace d’assister à un soap royal est renforcée par l’abondance de situations de couples ou familiales (dont on nous affirme qu’elles sont aussi authentiques que possible), ces disputes, rivalités et regards lourds de sens. Voir l’Histoire par le petit bout de la lorgnette, ce peut être passionnant – et ça l’est souvent – mais c’est encore s’occuper de préoccupations qui nous semblent bien absconses ou dérisoires : pour citer de nouveau cet épisode 5, savoir si Philip, le mari de la reine, s’agenouillera ou pas, s’il obtiendra qu’elle garde son nom (épisode 3), si la liaison de Margaret, la sœur, sera découverte (réponse dans le dernier épisode)… autant de suspense dont l’enjeu semble vidé de substance.
- Copyright Alex Bailey/Netflix
Même si le principe de chaque épisode est fréquemment le même, c’est à dire qu’un pré-générique indique le thème qui sera développé, les sujets sont assez variés, mêlant la politique nationale et internationale avec les affaires privées (la liaison de Margaret, la volonté de connaissances d’Élisabeth, les disputes avec son époux) pour que l’intérêt soit relancé en permanence. Selon ses goûts, on trouvera plus ou moins réussi tel ou tel, mais le scénario brasse assez large et devrait toucher le plus large public, chacun faisant son miel des différentes péripéties. D’autant que la mise en scène très classique, en accord avec ce dont elle traite, réserve de vrais moments d’élégance (le travelling qui montre les différents filtres utilisés pour joindre la reine au téléphone, par exemple) qui soutiennent l’attention.
- Copyright Alex Bailey/Netflix
Certes, cela ne va pas sans passages guindés, avec une pointe d’académisme. Mais la série repose davantage sur son scénario, qui sait habilement tenir en haleine, épisode après épisode : ainsi du smog qui s’abat sur Londres, traité comme un film catastrophe, ou du caractère du frère ayant abdiqué, cynique et revanchard. D’autres moments sont plus ternes (l’épisode 7 semble bien long), surtout si l’on ne s’intéresse guère aux obligations de la famille royale.
- Copyright Alex Bailey/Netflix
Au fond, tout au long de la série, les scénaristes ne traitent que d’un sujet : la prison dans laquelle la reine est enfermée, entourée de « conseillers », privée d’une éducation normale (elle doit se taire et sourire), cernée par des rituels et des traditions qui sont autant de barreaux. Nombreux sont alors, évidemment, les plans qui l’isolent, ou la montrent seule. C’est que son pouvoir est très limité, ses obligations infinies, symbole d’une monarchie dont on ne cesse de dire la fragilité. Et, de jeune oie blanche docile, Élisabeth se mue peu à peu en une femme décidée et affermie. Si cette volonté de montrer une initiation peut fasciner, elle conduit parfois à l’hagiographie sans nuances. Il y a pourtant de beaux moments indépendants, comme le magnifique épisode 9 tout entier dédié à Winston Churchill, ses 80 ans, son portrait et sa démission. Là les auteurs côtoient la grandeur, oublient la psychologie facile et la menace d’académisme. Si ce niveau n’est pas toujours atteint (et parfois loin de là quand des histoires secondaires prennent le pas sur les arcs narratifs majeurs), la série présente assez de belles séquences (le frère du roi jouant de la cornemuse en larmes, telle chevauchée sur la plage) et de fins dialogues, surtout dans les luttes à fleurets mouchetés pour qu’on savoure le meilleur d’une œuvre inégale.
- Copyright Alex Bailey/Netflix
Les suppléments :
Une copieuse galerie photos, dont certaines de tournage, souvent superbes. Mais c’est tout ...
L’image :
La définition hors pair respecte aussi bien les intérieurs luxueux que le gris de la ville ou le vert de la campagne. Les costumes rouges sont rutilants, les contrastes soignés et la profondeur de champ impressionnante de netteté. Autrement dit, le Blu-ray propose un régal visuel d’un bout à l’autre.
- Copyright Alex Bailey/Netflix
Le son :
Les passages musicaux donnent la pleine mesure de pistes somptueuses (5.1 DTS-HD MA). Quant aux dialogues, on en saisira sans peine toutes les nuances. Dans ce cadre et pour apprécier pleinement la distinction du langage, la VO est nettement préférable, malgré le soin apporté au doublage.
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lisamarie 11 mai 2018
The Crown - la critique de la saison 1 + le test Blu-ray
ça à l’air pas mal. Peut être bien que je vais bien le voir !
Des plumes et des livres 7 février 2021
The Crown - la critique de la saison 1 + le test Blu-ray
La saison 1 de The Crown est à l’image du peuple qu’elle suit. C’est une série qui prend son temps, chaque épisode relate un événement ayant lieu au début du règne d’Elisabeth II, les gestions de crises mais aussi la vie dans les coulisses de la royauté britannique.
Le jeu des acteurs est sublime, pertinent et donne de la qualité à cette série. La mise en scène est d’une grande subtilité.
Un réel travail journalistique est fait, les événements sont relatés avec précisions mais avec prudence.
The Crown est une série de qualité (du moins pour cette première saison) qui nous fait découvrir la politique et la royauté britannique sous un nouveau jour, avec les contraintes protocolaires, la non omniscience de la Reine et les enjeux dans le pays comme à l’extérieur.
https://desplumesetdeslivres.wordpress.com/2020/06/28/serie-netflix-the-crown-saison-1/