À la claire fontaine
Le 5 août 2023
Darren Aronofsky touche une nouvelle fois à la perfection et laisse le spectateur dévasté, repu, en larmes ou en lambeaux. Même pas un chef-d’œuvre, un miracle...
- Réalisateur : Darren Aronofsky
- Acteurs : Hugh Jackman, Rachel Weisz, Stephen McHattie, Ellen Burstyn, Ethan Suplee, Mark Margolis, Sean Patrick Thomas
- Genre : Drame, Science-fiction, Fantastique, Romance
- Nationalité : Américain
- Distributeur : TFM Distribution
- Durée : 1h36mn
- Date télé : 13 janvier 2022 20:40
- Chaîne : OCS City
- Date de sortie : 27 décembre 2006
- Festival : Festival de Venise 2006
Résumé : Le combat à travers les âges d’un homme pour sauver la femme qu’il aime. Espagne, XVIe siècle. Le conquistador Tomas part en quête de la légendaire fontaine de jouvence, censée offrir l’immortalité. Aujourd’hui. Un scientifique nommé Tommy Creo cherche désespérément le traitement capable de guérir le cancer qui ronge son épouse, Izzi. Au XXVIe siècle, Tom, un astronaute, voyage à travers l’espace et prend peu à peu conscience des mystères qui le hantent depuis un millénaire. Les trois histoires convergent vers une seule et même vérité, quand les Thomas des trois époques - le guerrier, le scientifique et l’explorateur - parviennent enfin à trouver la paix face à la vie, l’amour, la mort et la renaissance.
- © 2006 Warner Bros. All rights reserved.
Critique : Rares sont les films dont on se souvient des années plus tard. Pi et Requiem for a Dream, les deux premiers longs métrages de Darren Aronofsky, peuvent prétendre à cela. The Fountain, son troisième long métrage, est un classique instantané qui, à une période de standardisation extrême, subjugue par son originalité, sa puissance et son infinie beauté. À mille lieues du blockbuster tant attendu et redouté (son budget est passé de 80 millions de dollars à 35 suite au départ de Brad Pitt), ce film indépendant sublime doit se prendre comme une expérience sensorielle et émotionnelle à travers laquelle Aronofsky échappe à la redite, renouvelle avec une élégance souveraine sa grammaire cinématographique (montage, mise en scène) et articule son histoire autour d’une légende maya selon laquelle les âmes des morts se retrouvent à Xibalba pour renaître.
Autant le confesser illico : The Fountain est un projet maudit qui a failli ne pas voir le jour. Mais, de la même façon que le personnage principal cherche le vaccin pour guérir sa femme atteinte d’un cancer, Aronofsky a connu de multiples embûches pour mener son film jusqu’au bout. Les contraintes et les afflictions qui en ont découlé sont devenues paradoxalement très stimulantes pour l’auteur qui a gommé ce qui pouvait agacer les plus irritables dans ses précédents opus. Ici, il nage quelque part entre Tarkovski, Kubrick, Kurosawa. Oui, son film est de cette ampleur. Visuellement, c’est sublime. Narrativement, c’est bouleversant.
Dans sa splendeur éclatée (quatre personnages en proie à diverses addictions qui chantent en chœur le même spleen existentiel), Requiem for a Dream s’intéressait aux rêves déchus ; par son éblouissement visuel, The Fountain laisse sous-tendre que l’amour est plus fort que la mort. Dans d’autres mains, l’objet casse-gueule aurait aisément pu rimer avec putasserie et précipité tire-larmes. Pas chez Aronofsky dont la maestria visuelle explose tous les standards, dont les moindres bouleversements déchirent le regard et le cœur, et qui parvient à ne pas faire gausser les cyniques en parlant des poussières d’étoiles qui cachent des âmes brisées. On y suit le parcours d’un homme qui effectue des recherches pour sauver sa femme et finit par se perdre par amour. Il doit franchir des frontières spatio-temporelles, user de son imagination, faire couler l’encre de son sang pour poursuivre les efforts abandonnés.
Peu importent les symboles, le mysticisme. Le cinéaste se sert de toutes ces références non pas pour jouer les gourous shyamalaniens mais pour illustrer la plus belle et la plus triste des histoires d’amour : celle, métaphysique, d’un homme, scientifique et pragmatique, qui en donnant fin au roman inachevé de sa femme découvre que le corps n’est plus la prison de l’âme. La bande-son de Clint Mansell, émolliente et pas percutante comme dans Requiem for a Dream ou psychique dans Pi, se contente d’accompagner ce requiem pour un rêve, étreint des corps et relaie les battements du cœur. Les mots manquent sans doute pour retranscrire l’enthousiasme, alors faisons simple : c’est certainement l’un des plus beaux films que vous verrez dans votre parcours de cinéphile.
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cmoiflorian 29 décembre 2006
The Fountain - Darren Aronofsky - critique
Pour ma première critique je m’attaque à du sérieux.
J’avais hissé Requiem for a dream au antipode de ma préférence cinématographique.
The Fountain a pris sa place.
C’est littéralement plus qu’un chef d’oeuvre, un véritable bijou taillé sur mesure pour chacun des coeurs devant l’écran.
Des couleurs. Des sentiments. Des idées.
Un bande son magistrale ( Mais Clint Mansell nous a habitué ), des acteurs touchants ( et quand on se dit que normalement ça aurait du être Brad Pitt on a vraiment aucun regret ), une sensibilité présente tout le long du film.
C’est la première fois de ma vie que j’ai eu des frissons devant un film.
Un film a envoyé aux cieux...
lunatu 31 décembre 2006
The Fountain - Darren Aronofsky - critique
Je suis allé plein d’enthousiasme encouragé par les commentaires dithyrambiques que j’ai pu lire à gauche et à droite et sans prêter attention aux mauvaises critiques.
Bref, je suis allé bien prédisposé et même avec un certain préjugé à la faveur du film, d’autant plus que j’ai bien aimé le langage et le traitement de "Requiem pour un rêve"
Ce suis par nature attiré par la science fiction et par le cinéma fantastique et je ne m’ennuie jamais au cinéma, de plus, la quête de l’immortalité et de la fontaine de Juvence c’est un sujet qui me passionne.
Mais je dois avouer que j’ai trouvé ce film ennuyeux, plein de ficelles mélodramatiques faciles et sans intérêt ni philosophique ni esthétique. C’est du "flowers powers " avec quarante années de retard, avec une philosophie "new age" revisité par les valeurs et les angoisses du XXIe siècle.
De plus certaines images, postures et amalgammes, inspirées par des réligions respectables frolent le ridicule
Cependant, je peux comprendre qu’à notre époque on soit friand de merveilleux et que on ait envie de craquer pour des émotions mystiques, sublimes et surnaturelles, tellement on manque d’émotions simples et terrestres.
Les seules scènes que le travail d’acteurs auraie réussies dans ce sens ont été gâchées par un contexte qui les décrédibilise.
Que les amateurs me pardonnent, j’aurais accepté ce scénario dans un jeu vidéo ou sur une bande dessinée mais pas dans un cinéma ayant de prétensions pseudo philosphiques.
Lunatu
Monique Doyle 1er janvier 2007
The Fountain - Darren Aronofsky - critique
Ce film qui pourrait s’annoncer ambitieux et lourd de par son sujet - la quête du sens de la vie, de l’amour de la mort et donc de l’immortalité - est en fait un petit chef d’oeuvre de modestie . Il réussit son parcours initiatique - avec des moyens sobres, acteurs impeccables, musique parfaite, photo sensible ,propos mesurés, émotion perceptible.Un film rare et bienfaisant si on laisse la magie opérer de bout en bout.
Darkfalcon 1er janvier 2007
The Fountain - Darren Aronofsky - critique
Avec The Fountain, on est en face d’une oeuvre auquel le spectateur ne peut qu’adorer ou qu’hair. Pourtant je dois faire parti des seules personnes l’ayant vu, etant mitigé concernant la qualité de ce film.
L’histoire critiquée par la plupart des critiques par l’incomprehension qu’elle engendre est plus simple qu’elle n’y parait, et on peut dire que c’est en cela que Darren Aronofsy est un fumiste. Par sa narration sans queue ni tete aux 20 premiere minutes, chaque moment Darren essaye de rentabiliser son histoire simpliste en jetant les pages du scenario au hasard, tel un puzzle qu’est obligé a chaque instant de reconstruire, le spectateur pour essayer de comprendre un minimum l’action presente.
Hugh Jackman lui aussi semble etre a la masse. Le fringant et mysterieux golden boy de Scoop, semble avoir perdu ses reperes dans les dedales du script. Les pires moments semblent etre ceux dans le passé ou on sent qu’il cherche encore son jeu et dans le futur, ou comble du ridicule, on le voit faire du yoga dans l’espace, les jambes croisées. On pense plus a une parodie de Keanu Reeves dans Little Budha qu’a un veritable homme rongé par les tourments de son coeur.
Pourtant, Rachel Weisz ne suit pas la trajectoire dans laquelle s’est lancé a corps perdu son partenaire. Elle se familiarise avec l’univers de son partenaire a la ville, et finalement c’est elle qui tire son epingle du jeu.
Emouvant, gracieux, voir troublant, elle nous etonne epoque apres epoque et arrive a degager une beauté hypnotique et angelique dans l’epoque medievale et une tendresse infinie dans l’epoque presente.
Puis finalement, le point d’orgue du film est vraisemblablement, l’univers visuel crée par Aronofsky. De 1500 a 2500, les decors et la photographie font preuve d’un poesie immense et d’une imagination sans limite. Dommage que les plans ne suivent pas cet exemple (l’epoque presente en est l’exemple le plus flagrant).
Pour resumer, une oeuvre largement moins destabilisante que Requiem for a dream, avec des images touchantes mais des jeux d’acteurs inegaux, et une histoire casse gueule.
alinea 11 janvier 2007
The Fountain - Darren Aronofsky - critique
"The fontain" a eu une répercussion particulière parce que je viens de perdre une amie chère, j’ai donc pleuré comme la moitié de la salle aux moments cruciaux qui traitaient de la mort. Scénariste et réalisatrice, je vais donc donner en 1er un avis technique : on oublie la caméra qui "rentre" dans l’histoire avec subtilité... La musique est un pur bonheur et les images sont soignées comme j’ai rarement vu. Ma sensibilité de femme déplore un soucis du détail trop cru pour les scènes de violences dont on aurait aisément pu se passer. Les acteurs sont parfaits et le jeu d’une justesse impressionnante. Cependant, j’ai eu qques difficultés à entrer dans l’hist dans le 1er quart d’heure. Le découpage, trop alambiqué à mon goût, perd un peu le spectateur dans des allers retours difficiles à suivre par moments. J’ai trouvé également des longueurs quant à l’état désespéré de Tom qui, raccourcies, auraient données plus de force au message. La partie "merveilleuse" et mystique qui relie ce scientifique têtu au mythe de l’étoile SHEBALBA et de l’arbre de jouvence est magnifique et crédible. La partie "psychique", qui semble tant faire couler l’encre des détracteurs de ce film, est d’une beauté à couper le souffle. Pour avoir fait un coma dépassé (dont je suis revenue avec la mémoire de ce que j’avais "vu" et "entendu") je peux vous assurer que Aronofsky devait être caché dans un coin ou a dû prendre quantité de produits allucinogènes car il y a un tas de vérités dans ce qu’il a transcri. Voilà un film émouvant qui vous poursuit dans les jours qui suivent son visionnage, une belle histoire d’amour éternel pour les romantiques et une clé pour ouvrir certaines portes d’un monde intérieur ou invisible, que l’on ai la foi ou pas ! Les cartésiens et ceux qui manquent d’imagination ne peuvent aimer mais tous les autres vont adorer ! Ne passez pas à côté, c’est un film difficile à raconter, impossible à cataloguer, qui a le mérite de se voir (ou de se vivre) à plusieurs niveaux, chacun avec sa sensibilité, chacun avec sa propre résonnance... Un ovni dans ce marché artistique saturé de copies commerciales qui manquent d’originalité.
franck35 7 février 2007
The Fountain - Darren Aronofsky - critique
Sur ce film, on aura tout lu, tout entendu, y compris que Darren Aronofsky après son excellent Requiem For a Dream avait fait un rattage complet.The Fountain raconte le combat à travers les âges d’un homme pour sauver la femme qu’il aime.Espagne, XVIe siècle. Le conquistador Tomas part en quête de la légendaire Fontaine de jouvence, censée offrir l’immortalité.
Aujourd’hui. Un scientifique nommé Tommy Creo cherche désespérément le traitement capable de guérir le cancer qui ronge son épouse, Izzi.
Au XXVIe siècle, Tom, un astronaute, voyage à travers l’espace et prend peu à peu conscience des mystères qui le hantent depuis un millénaire.
Les trois histoires convergent vers une seule et même vérité, quand les Thomas des trois époques - le guerrier, le scientifique et l’explorateur - parviennent enfin à trouver la paix face à la vie, l’amour, la mort et la renaissance. Au total, un film personnel, magnifiquement réalisé, avec une interprétation de Hugh Jackman au top, bref à ne pa louper. Oubliez les critiques qui ont tout dit et n’importe quoi sur ce film, y compris que les dialogues entre les personnages étaient prétentieux et vains et plongez dans la fontaine de l’Amour.