Mother ! - le test blu-ray

Le film : Avec cette nouvelle relecture de la Bible après le très contesté mais puissant Noé, Aronofsky semble déterminé à secouer son audience en offrant sa vision très personnelle des textes religieux. Forcément, la réponse ne s’est pas fait attendre vis-à-vis du dernier film d’un metteur en scène aussi adulé que détesté, et qui ne paraît pas décidé à s’adoucir avec les années (et c’est tant mieux). Mother ! s’est fait déchirer par une critique américaine dont Paramount aura su tirer profit en se servant des plus négatives comme argument marketing pour vendre ce film, tablant sur la curiosité du spectateur pour découvrir cet objet tant haï par certains. Porté par la mégalomanie délirante du réalisateur américain, le film est clairement là pour cliver, pour bousculer, comme Aronofsky a pu le faire avec de nombreuses de ses œuvres. Mêlant à sa vision nihiliste de la foi religieuse et de l’idée d’un Dieu une réflexion sur la folie artistique, Mother ! adopte une position ambivalente, où Lui se lie à Aronofsky par de nombreux points communs, quand le réalisateur s’attache particulièrement à sa muse d’un film : la magnifique Jennifer Lawrence.

Copyright : Paramount Pictures

La confrontant à une pression et un étouffement crescendos et cauchemardesques, l’auteur de Requiem for a Dream n’y va une fois de plus pas de main morte pour torturer sa protagoniste, poussant à bout le spectateur par la même occasion, notamment dans ce climax bordélique et d’une liberté artistique étonnante. Revisitant le home invasion au profit d’un propos rentre-dedans et sans ambiguïté sur la "personnalité" de Dieu, Aronofsky renoue avec son talent pour les conclusions, qui vient dans le cas de Mother ! clouer le spectateur par sa dimension macabre et extrême. On pourra reprocher au film son caractère grotesque, quand le malaise installé pendant la première heure relevait d’une distillation maîtrisée d’éléments perturbateurs, mais c’est justement par cet énorme fossé séparant ces deux parties que Mother ! dérange et s’ancre profondément chez ceux qui l’ont vu. Qu’ils l’aient aimé ou non.

Ci-dessous la critique plus mesurée publiée à l’occasion de la sortie du film, attention cependant aux spoilers du texte.

Copyright : Paramount Pictures

Le blu-ray :

Les suppléments :

Seulement deux modules, mais l’un en tant que making-of de 30 minutes du film et l’autre comme "longue" et passionnante featurette sur la création des maquillages et autres prothèses old school jalonnant le film. On regrettera que le making-of n’apporte pas vraiment de savoirs significatifs lors du tournage en lui-même, mais il n’est clairement pas avare d’images, de la pré-production très longue et intime du film à sa production, où chaque grande scène du film a le droit à son moment à l’écran de ce behind the scenes généreux.

L’image :

Habitué au travail sur pellicule, Darren Aronofsky ne change pas cet aspect de son travail en revenant même au 16mm pour les besoins de Mother ! après un Black Swan à la texture granuleuse extrêmement affirmée et malaisante. Plus discrète dans sa globalité, cette spécification esthétique se retrouve donc dans cette dernière œuvre, avec les conséquences qu’elle occasionne. La perte de définition est évidente (il suffit de regarder les gros plans pour s’en rendre compte), mais cela est largement compensé par la personnalité de cette image imparfaite et malsaine. Pour le dire plus vulgairement, Mother ! a de la gueule.

Le son :

Devant le travail sonore étourdissant de Mother !, ce blu-ray avait fort à faire pour retranscrire le mixage organique cher au réalisateur. Paramount n’a pas fait les choses à moitié puisqu’elle propose une VO en Dolby Atmos, un véritable plaisir immersif et étouffant pour ceux équipés. Pour les autres, rien à craindre bien évidemment, les choix jusqu’au-boutiste faits par Aronofsky se ressentent malgré tout, pour aller saisir jusqu’aux tripes le spectateur sur certaines scènes (ce brisage de cou absolument ignoble résonne encore, profondément ancré dans les esprits). La VF en DTS-HD 5.1 réserve également un joli traitement à ce mixage si sensoriel, même si sa puissance est moindre.