Le 3 octobre 2016
Ils ont travaillé ensemble à l’occasion de quelques sons, fréquentent le même (très grand) cercle d’artistes hip hop, c’est donc sans grande surprise qu’Apollo Brown et Skyzoo s’associent pour The Easy Truth, nouvel album collaboratif pour le beatmaker de Detroit.
- Date de sortie : 30 septembre 2016
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Notre avis : Si chaque album avec Apollo Brown à la production s’attend de pied ferme, à raison, l’annonce de The Easy Truth apportait également ce piquant de curiosité manquant un peu lorsque le nom du beatmaker est associé à un projet. Pour la bonne et simple raison que Skyzoo reste l’un des seuls rappeurs à l’heure actuelle à avoir poussé Apollo Brown hors de sa zone de confort (on pensera également à une ou deux exceptions venant d’Ugly Heroes). Sur son précédent album solo (Music for my Friends), Skyzoo avait effectivement posé ses rimes introspectives sur une production aux allures trap, avec ces caisses bien moins profondes que le boom bap classique et des sonorités hi-hat bien plus rapides. Bingo, cette production à la fois mélancolique et alternative provenait ni plus ni moins d’Apollo Brown. Mais l’adaptation s’opère dans les deux sens. Skyzoo, accoutumé d’un hip hop globalement calme et apaisant, s’était lui aussi lâché en compagnie de son ami et deuxième moitié de Barrel Brothers, Torae, sur la puissante Neva Eva, premier morceau de Grandeur, l’album d’Apollo Brown sortie l’année dernière.
Au final, difficile de vraiment savoir lequel a le plus influencé l’autre pour The Easy Truth. Fusion quasi-parfaite, Apollo Brown semble avoir appris des reproches qu’a pu lui faire une partie de son public, alors que Skyzoo continue à rapper ce qu’il sait rapper, mais sur des productions plus variées. Alternant purs moments boom bap à d’autres plus orientés trap, l’album surprend par son hétérogénéité. Présences de scratchs, de longues interludes parlées entre deux morceaux, d’un freestyle (ou ce qui y ressemble) et des excellents featurings diversifient un album assez touche à tout pour captiver et surprendre l’auditeur sur sa durée. Globalement, la construction à base de samples ne bouleverse pas les habitudes, on retrouve ces cuivres bien sentis, ces douces voix féminines reposantes, et même une réutilisation du sample de The Funky Drummer de James Brown (sur On the Stretch & Bob Show), que l’on avait précédemment entendu sur Streets Won’t Let me Chill de l’album The Reset. Mais The Easy Truth est surtout l’occasion de découvrir de nouvelles facettes du producteur, variant le type de caisses et même de samples, notamment sur The Vibes, compilation de trois minutes d’un beat « plus trap on fait pas » avec un sample de violon aux sonorités très asiatiques.
Comme à son habitude très calme, Skyzoo marque l’album de son style réfléchi et de son flow relaxant. Pas de Nasty, de People’s Champ, ou de How to Kill God sur The Easy Truth, juste un Basquiat on the Draw un peu plus lourd que la constante imposée par l’album (et par Skyzoo), grâce à Conway et WestSide Gunn, qui profitent de l’invitation pour laisser leur empreinte un peu folle et glauque sur le disque. Sans grande surprise mais toujours avec grande maturité, le rappeur de New York continue d’évoquer sa ville, son quartier, Brooklyn, ses expériences de vie tout en dénonçant la brutalité policière, dans un album plus diversifié que l’agréable mais trop régulier Music for my Friends. L’occasion d’entendre la voix du conteur sur de nombreuses sonorités différentes, encore inédites dans le répertoire du producteur de Detroit.
Apollo Brown et Skyzoo : L’influence réciproque.
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