Le 24 octobre 2022


- Scénariste : Hubert>
- Dessinateur : Vincent Mallié
- Coloriste : Bruno Tatti
- Collection : Aire Libre
- Genre : Aventure, Fantasy
- Editeur : Dupuis
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 2 septembre 2022
- Durée : T.2
La superbe clôture de ce diptyque en forme d’épopée arthurienne.
Résumé : Islen, après avoir libéré son pouvoir qui commande aux animaux, s’est enfuie du château de son père, en compagnie d’Arzhur. Tandis que les deux se rapprochent, l’héritage et leurs familles finiront bien par les retrouver...
Critique : Les légendes arthuriennes, gravées par Chrétien de Troyes et désormais popularisées par le cinéma et les séries, continuent d’être une source intarissable d’œuvres de fictions, tant leur pouvoir et leur déroulement sont à la fois simples et sans frontières. Ténébreuse s’inscrit dans cette lignée. Il faudrait être aveugle pour ignorer la référence dans le nom du héros, comme d’ailleurs Craenhals l’avait fait en son temps dans Chevalier Ardent. Ténébreuse puise toutefois davantage dans la lignée de Morgane, de la Dame du Lac et d’un pouvoir morbide que Guy Ritchie a également apprécié dans son adaptation. Le folklore est là, mais il ne faut pas mettre de côté le regard féminin : l’image de l’amour courtois a longtemps fait passer pour un moment gracieux ce qui relevait en vérité de la violence masculine. Hubert n’hésite pas à représenter cette violence exercée au nom de la réputation ou de la prétendue trahison sur le même plan que les batailles qui sont décrites dans le récit. C’est précisément là que se joue l’originalité et la vitalité de ce récit, que ce second tome vient conforter : l’épique, la fantasy, le fracas des boucliers et l’impétuosité de la magie noire sont certes bien présents, mais c’est à l’instar de beaucoup d’autres, tandis que cette révolte de la femme, de la fille aussi envers la mère, sont des qualités autrement précieuses et surtout plus rares.
© Dupuis / Mallié
Ceux qui, naturellement, ont feuilleté le premier tome, ne seront pas dépaysés par le talent de Mallié, véritable disciple de Loisel dans le style, qui confère de nouveau à ce monde entre Moyen-Âge et fantasy un réalisme qui n’empêche pas l’irruption de la magie, de l’obscurité sur des pages aux couleurs fraîches, pouvant tout faire basculer en une seule case. Cette fragilité des hommes et des femmes se transmet curieusement par le dessin, qui ne peut s’empêcher de les faire tantôt forts, beaux, implacables puis frémissants, voire inquiétants sur la page suivante, selon leurs émotions ou selon les difficultés auxquelles ils font face. C’est une autre des qualités de ce récit : avoir un dessin fort qui le complète, ne faisant plus la part belle aux armures et aux dorures mais bien aux éphémères moments de doute et d’échec.
© Dupuis / Mallié
Ténébreuse peut s’enorgueillir d’avoir un cycle à la fois court et complet, qui pourra à n’en pas douter compter dans peu de temps sur une réédition intégrale, tant il doit faire partie du gratin de la fantasy héroïque.
80 pages – 20,95 €