Star Wars Classic : le dossier BD

Le tome 5 est tout juste sorti, mais il a déjà presque quarante ans. Amateurs de vintage, approchez-vous, c’est une bouffée de nostalgie qui vous attend en découvrant les aventures des héros de la saga originelle. À chaque tome, c’est dix épisodes qui viennent enrichir les ellipses entre les épisodes IV et V, puis V et VI. Rien que dans la couverture, tout est dit : des couleurs bigarrées, des fins à suspense, des expressions faciales toujours exagérées, et quelques phrases cultes. Alors oui, ce n’est plus la BD d’aujourd’hui, ce n’est pas du roman graphique, ce n’est pas la SF un peu noire et désespérante qui fleurit aujourd’hui. C’est lumineux, c’est naïf, c’est manichéen, à l’image des premiers épisodes de la saga Star Wars en vérité. Presque enfantin en fait, car ces comics étaient incorporés dans des revues en France comme Titan, qui mêlait les péripéties de Luke Skywalker à celles des Avengers ou des X-Men. Ainsi, les rares morts de personnages sont cachées, décalées hors planches pour éviter d’effrayer les lecteurs, les vaisseaux comme le Faucon Millénium, les Star Destroyers ou même les X-Wing sont assez approximatifs, car il ne faut pas oublier que les dessinateurs doivent les reproduire de mémoire. Luke Skywalker ressemble plus à Marlon Brando qu’à Mark Hamill, la princesse Leia n’a qu’une tenue et qu’une coiffure pour toutes ses aventures, Chewbacca a une tête juste bizarre, mais tout cela participe à créer une ambiance, une atmosphère bien rétro, bien vintage. Pour les fans de South Park, c’est l’occasion de reprendre des fameuses "Memberberries", en se replongeant dans un bain chaud plein de mousse Star Wars.

Une source d’inspiration

© Delcourt

Attention, il ne faut pas croire que l’aspect nostalgique est l’unique qualité de cette réédition. Ces comics ont été une source d’inspiration pour toute une génération d’auteurs. Entre le scénariste Goodwin, qui a travaillé pour Marvel et DC, créant Luke Cage, améliorant Iron Man, prolongeant Batman, ou les nombreux dessinateurs comme Infantino ou Trimpe mais ouvrant aussi la voie aux dessinateurs comme Moebius et toute la clique de Métal Hurlant. Ces comics sont un vrai reflet de l’Âge d’argent du genre, des précurseurs qui ont permis aux autres auteurs d’entrer réellement dans le comic et la BD modernes. Il n’y a qu’à voir l’équipement spatial d’Han Solo, avec son masque et son propulseur, pour reconnaître Starlord des Gardiens de la Galaxie, une référence directe. Tous les monstres possibles sont déjà présents, avec des couleurs étonnantes mais des procédés qui reviendront. Que ce soit des lieux comme la Roue, des personnages comme Shira Brie, toutes ces planches influenceront non seulement la galaxie Star Wars, mais également tout l’univers de la BD, voire de la science-fiction en général.

© Delcourt

Un héritage légendaire

À l’heure où tous les éléments Star Wars sont remis en cause, avec des romans dits « canons » contre d’autres qui constituent désormais les « légendes », la collection Classic se retrouve au milieu, véritable héritage légendaire. Premières adaptations, avant les dérivés de type jouets, ces albums sont des pages et des pages d’héritage d’une époque, d’une pensée et d’un modèle du genre. Ils sont légendaires car bien évidemment, personne ne croit vraiment aux rencontres entre Luke et Dark Vador, aux planètes détaillées et aux baisers de la princesse Leia à Han Solo dans cette période, mais l’ensemble créé est véritablement légendaire, au même titre que les légendes arthuriennes pour la Table Ronde ou les continuations des mythes antiques. Ces albums renforcent la nature de mythe moderne qu’a pu acquérir la saga Star Wars. Icônes de la culture pop et optimiste de la fin des années 1970 et début des années 1980, ces rééditions Classics sont des éléments incontournables pour tout bon fan de comics digne de ce nom, au même titre que les originaux de Spiderman ou d’un Flash.

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