Split the difference

C’était en 2002 : on découvrait un peu par hasard In our gun, grand disque sous-estimé, collection de pop songs passés aux filtres de l’expérimentation-maison, entre électro psychédélique et folk extatique. Le disque apparaissait comme une réaction à Bring it on, premier album de Gomez, loué par l’industrie anglaise du disque (il obtint le fameux Mercury Prize qui couronne le meilleur artiste en devenir de l’année). Et, le groupe n’aimant pas le surplace, Split the difference apparaît forcément comme une réaction à In our gun.

Gomez dit avoir eu besoin de revenir à des choses basiques, préférant jouer ensemble pendant des heures, jusqu’à ce qu’un bon riff ou une bonne mélodie prennent forme. Ils en avaient tout simplement marre de "tourner des boutons et de tripoter des machines". Aujourd’hui, ils laissent ça à d’autres, et préfèrent se lancer dans les explosions rock que sont We don’t know where we’re going ou Where ya going ?, morceaux jumeaux qui oscillent entre Nirvana et Pearl Jam sans gêne ni honte. On préférera tout de même le groupe à son plus mélodique, lorsqu’il enroule par exemple les voix de ses deux chanteurs autour de l’irrésistible refrain de Catch me up, ou qu’il propose la ballade Sweet Virginia, pétrie de clichés et références à l’Oncle Sam, mais également enjolivée d’une partition de cordes pas piquée des hannetons.

Alors même si on reste bluffé par In our gun et simplement amusé par ce Split the difference fier et direct, on continue de déceler en Gomez un potentiel de grand groupe de rock du futur. Reste au quintette à se remettre au boulot, après s’être fait plaisir le temps d’un album...