Le 17 juillet 2024
Un drame carcéral oppressant et maîtrisé, d’une noirceur extrême, et magistralement interprété par Sidse Babett Knudsen.
- Réalisateur : Gustav Möller
- Acteurs : Sidse Babett Knudsen, Dar Salim, Jakob Lohmann, Sebastian Bull Sarning, Marina Bouras, Olaf Johannessen
- Genre : Drame, Thriller, Drame carcéral
- Nationalité : Suédois, Danois
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Vogter
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 10 juillet 2024
- Festival : Festival de Berlin 2024
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Résumé : Eva, gardienne de prison exemplaire, fait face à un véritable dilemme lorsqu’un jeune homme de son passé est transféré dans l’établissement pénitentiaire où elle travaille. Sans dévoiler son secret, Eva sollicite sa mutation dans l’unité du jeune homme, réputée comme la plus violente de la prison.
Critique : Réalisateur danois, Gutav Möller avait été révélé en 2018 avec The Guilty, polar minimaliste basé sur une prouesse technique, superbe huis clos au scénario élaboré et d’une fluidité remarquable. Après un détour par la case série télé (The Dark Heart), il revient au cinéma avec ce second long métrage, présenté en compétition au Festival de Berlin 2024. Disons-le d’emblée : le film est magistral, et constitue une date dans l’histoire du drame carcéral, un genre qui a comporté de nombreuses pépites du septième art, de Je suis un évadé de Mervyn LeRoy au récent Borgo de Stéphane Demoustier, en passant par L’enfer est à lui de Raoul Walsh ou Hunger de Steve McQueen. Il faut dire que Güstav Möller est fasciné par l’univers carcéral en termes de source d’inspiration. Coécrit avec Emil Nygaard Albertsen, le scénario de Sons a été bâti en collaboration avec Martin Sørensen, ancien agent pénitentiaire devenu ici conseiller technique. Et les rencontres avec détenus, psychiatres, juristes ou victimes n’ont pas manqué en amont. Pourtant, il ne faudrait pas prendre Sons pour un film réaliste basé sur un matériau documentaire, ou un film à thèse à la manière de Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry.
- Sidse Babett Knudsen, Sebastian Bull Sarning
- © 2024 Nordisk Film Production / Les Films du Losange. Tous droits réservés.
Gustav Möller tient à préciser : « Tout d’abord, je trouve que la prison est un espace cinématographique très fort. Elle abrite toutes sortes de personnages au comportement extrême, les règles y sont clairement définies et les rapports de force dominent. En outre, le lieu lui-même est empreint de symboles et d’archétypes. Au fond, la prison offre un cadre très propice à la dramaturgie, mais dans le même temps la plupart des récits qui s’y déroulent se ressemblent beaucoup. » L’originalité est ici de se situer du point de vue d’Eva. Cette gardienne de prison exerce son métier avec conviction, ferme avec le règlement intérieur, mais bienveillante dans son rapport avec les détenus, allant même jusqu’à incarner une figure maternelle et protectrice, dans l’assistance psychologique qu’elle apporte ou les cours de relaxation qu’elle dispense. L’arrivée de Mikkel, un jeune homme de vingt-cinq affecté dans une autre unité, celle réservée aux détenus dangereux sous haute protection, affecte singulièrement Eva, qui va demander à travailler dans ce service. Connaît-elle Mikkel ? Et pourquoi semble-t-elle vouloir lui nuire ?
- Sidse Babett Knudsen, Sebastian Bull Sarning
- © 2024 Nordisk Film Production / Les Films du Losange. Tous droits réservés.
Sons n’est pas à véritablement parler un suspense lié à une énigme policière. On comprend assez vite les motivations de cette femme, partagée entre compassion et haine, droiture morale et pulsions malsaines, justice et vengeance. Nul manichéisme dans ce récit qui cherche à brouiller les pistes et présente des personnages nuancés qu’on peine d’abord à cerner, même si les auteurs sont in fine explicites dans les intentions de leurs actes. Et qu’importe les quelques invraisemblances qui, loin de nuire à l’efficacité de la narration, lui donnent un aspect vertigineux, à l’instar de la démarche hitchcockienne. On remarquera en outre le décor quasi unique qui évolue malgré tout en fonction de l’état d’esprit de cette gardienne de prison torturée, avec un jeu intelligent sur les éclairages ou l’incrustation de brefs éléments surréalistes. Jouant avec sobriété des expressions de son visage, Sidse Babett Knudsen est prodigieuse et contribue à la fascination exercée par le film. Il s’agit sans doute du meilleur rôle de cette actrice que l’on a pu apprécier en France dans L’Hermine et La fille de Brest. Aux allures à la fois enfantines et terrifiantes, son partenaire Sebastian Bull est une révélation. Le reste du casting est tout autant impeccable, à l’image de Dar Salim en supérieur hiérarchique. On espère que Gutav Möller ne devra pas attendre six ans pour tourner son troisième long métrage, au vu de la qualité des deux premiers.
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