Le 27 janvier 2019
Un pamphlet nerveux et efficace contre les travaux forcés.
- Réalisateur : Mervyn LeRoy
- Acteurs : Preston Foster, Glenda Farrell, Paul Muni, Helen Vinson, Noel Francis
- Genre : Drame, Noir et blanc, Drame carcéral
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h33mn
- Titre original : I Am a Fugitive from a Chain Gang
- Date de sortie : 3 février 1933
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– Année de production : 1932
Résumé : Après une réadaptation difficile à la paisible vie qu’il menait avant d’être envoyé sur le front de la Première Guerre mondiale, James Allen se retrouve au bagne suite à un hold-up. Après s’être évadé, il change d’identité et au bout de quelques années devient le directeur d’une entreprise florissante. Tout semble sourire à Allen, jusqu’à ce que Marie Woods découvre son secret et décide de le faire chanter...
Critique : Il faut en passer par un début assez médiocre : le retour de guerre, la mère bonne comme le pain et le frère pasteur moralisateur, tout le premier quart d’heure est laborieux. Mais dès que James a quitté le domicile maternel et qu’il part sur les routes, le film trouve son rythme : pour évoquer la succession des péripéties qui le conduisent au bagne puis à l’évasion et à sa seconde vie, LeRoy manie avec aisance l’ellipse ou le hors-champ. Un calendrier frappé par un marteau renouvelle le cliché ; la punition de James n’est vue qu’en ombre ou par un travelling sur les autres prisonniers. Bref, ça va vite, très vite, et c’est l’une des forces du film : pas le temps de s’ennuyer, au prix parfois d’un schématisme évident.
Mais le propos de Je suis un évadé est autre : il s’agit, à travers un scénario inspiré d’une histoire vraie, de dénoncer les conditions de détention pratiquées à l’époque du tournage. Projet mené à bien, puisqu’il suscita des débats dans le pays. Il faut dire que l’injustice qui frappe le héros a largement de quoi révolter : chantage, dénonciation, promesse trahie de l’État. Si l’on ajoute le sadisme des gardiens et la dureté des travaux forcés, on voit que le film se change en pamphlet, diablement efficace. Il en a d’ailleurs conservé la virulence, et sa manière nerveuse y est pour beaucoup.
On pourra émettre des réserves sur l’interprétation de Paul Muni qui ne fait pas dans la finesse dans les dernières séquences, même si son jeu s’accorde à la folie vengeresse qui s’empare de lui ; de même les rôles féminins sont-ils assez pâles, si l’on excepte la garce réjouissante qui le pousse à l’épouser pour ensuite le trahir et le dénoncer. En revanche, les scènes d’évasion et la fin hallucinante pour l’époque impressionnent durablement. Mais ces morceaux d’anthologie ne doivent pas faire oublier que LeRoy excelle dans la description du quotidien carcéral : c’est presque un documentaire au montage sec, en tout cas un petit bijou de concision. À d’autres moments, l’usage de cartes, de surimpressions et d’images qui se répètent donnent au film un tempo saccadé louable. Certes, il y a des passages plus convenus, mais l’ensemble a tout d’une série B comme on les aime, rapide et noire.
- Illustration : Joseph Koutachy. Warner Bros. Tous droits réservés.
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