Permission jusqu’à l’aube - John Ford, Melvyn LeRoy - critique

Critique : Le film fut commencé par John Ford, qui imposa Henry Fonda : l’acteur avait déjà interprété le personnage du lieutenant Roberts sur scène, mais était jugé trop âgé par les producteurs. Malheureusement, les deux hommes, qui avaient pourtant souvent travaillé ensemble, ne s’entendirent pas et se fâchèrent presque définitivement : ils ne se retrouvèrent qu’une seule fois, en encore pour un film coréalisé avec George Marshall et Henry Hathaway, et bénéficiant d’une multitude de têtes d’affiche.
Le film fut donc terminé par Mervyn LeRoy, ce qui explique peut-être ce curieux mélange de comédie et de drame qui cohabitent avec difficulté.
C’est tout de même la comédie qui domine, avec un commandant à la limite de l’hystérie, un médecin pince-sans-rire interprété avec classe par William Powell ; et un officier paresseux, coureur de jupons et débrouillard, campé par un élastique Jack Lemmon. Même Henry Fonda, bien que plus sérieux, se laisse aller à quelques effets comiques.
Tout semble peu sérieux, les petites péripéties s’enchaînent, notamment autour d’une plante verte en pot, fierté ostentatoire du commandant, jusqu’à la fameuse permission, qui va faire basculer l’histoire vers des événements dramatiques en ramenant le récit vers le film de guerre tout à fait classique.

Malgré ses défauts et son style indécis, ce long métrage bénéficie d’une sacrée distribution, qui lui assura tout de même un joli succès.
Jack Lemmon recevra, pour son interprétation, l’Oscar 1956 du meilleur acteur dans un second rôle.