Le 17 juillet 2017
A mi-chemin entre le film catastrophe et la fable édifiante, ce métrage balourd a considérablement vieilli.
- Réalisateur : Mervyn LeRoy
- Acteurs : Frank Sinatra, Spencer Tracy
- Genre : Drame, Aventures
- Durée : 2h06mn
- Titre original : The Devil at 4 O'Clock
- Date de sortie : 16 février 1962
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Relevé de ses fonctions par le cardinal, le père Doonan se voit remplacer par le père Perreau qui prend ainsi la tête du convois de forçats à destination de l’hôpital pour enfants atteints de la lèpre. Une fois arrivé à destination, un volcan entre en éruption sur l’île et l’évacuation est ordonnée sur le champ, mais le convoi mené par Perreau se retrouve alors coincé au sommet de l’île sans un réel espoir de survie.
Notre avis : Le diable à quatre heures appartient à la fin de carrière de LeRoy, c’est à dire loin de ses succès et de ses meilleures œuvres, et s’inscrit dans une forme singulière, le film édifiant à grand spectacle : il y a une éruption, bien sûr, et selon les moyens de l’époque, elle est plutôt convaincante. Mais on sent bien que l’essentiel est ailleurs, qu’il s’agit de traiter des thèmes majeurs (la foi, la rédemption, l’enfer et le paradis) à l’occasion d’une histoire moralisante : ainsi des prisonniers, avec à leur tête rien moins que Frank Sinatra, qui mourront en héros rachetés par une dernière prière ou un signe de croix. Évidemment, c’est là que le bât blesse : ce sérieux porté par des dialogues sentencieux a mal vieilli et nous semble bien pataud. Trop explicite, trop souligné, le scénario porte un regard positif sur des personnages qui se révèlent dans l’action et le danger, alors que les « braves gens » se défilent. On reconnaît là un lieu commun hollywoodien, que le film ne renouvelle pas, au contraire. Il y avait pourtant matière à une œuvre resserrée et émouvante dans cette tentative désespérée de sauver une léproserie pour enfants, d’autant que le cadre de l’île offre des possibilités cinématographiques multiples ; mais LeRoy est comme paralysé par l’ampleur de son sujet et s’enfonce dans la démonstration verbeuse.
On trouvera çà et là matière à s’émouvoir : la mort de la petite fille, symbolisée par la chute d’une fleur, reste pudique et la fin ne manque pas de grandeur par les choix des héros. De même y a-t-il, sans doute grâce au métier du cinéaste, quelques séquences plutôt bien menées, comme la traversée du pont. D’ailleurs, le parcours du groupe pour échapper à la lave convainc par sa tension, mais là encore le rythme poussif empêche la complète adhésion. On le regrette d’autant plus que Spencer Tracy, qui ne saurait être mauvais, excelle en prêtre à la foi perdue, et que croiser les Français Jean-Pierre Aumont ou Dalio dans un tout petit rôle reste un plaisir raffiné.
Revoir aujourd’hui Le diable à quatre heures ne donne pas la sensation de découvrir un chef-d’œuvre oublié : trop long, bavard, mou, il n’est pas à la hauteur de son sujet. La première heure surtout pêche par sa lourdeur et, même si la seconde passe mieux, le film demeure le témoignage de la tentation « sérieuse » du cinéma classique, cette volonté de faire de l’art par le brassage de thèmes puissants. Échec, puisque ce qui nous séduit est au contraire les moments où le réalisateur oublie son prêche pour regarder agir ses personnages.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.