Le 12 août 2017
Un classique indémodable, modèle d’efficacité et de maîtrise.
- Réalisateur : Raoul Walsh
- Acteurs : Edmond O’Brien, James Cagney, Steve Cochran, Virginia Mayo, Fred Clark, Wally Cassell, John Archer, Margaret Wycherly
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action, Thriller, Noir et blanc, Drame carcéral, Policier
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 9 décembre 2023 23:10
- Chaîne : TCM Cinéma
- Reprise: 22 octobre 2003
- Titre original : White Heat
- Date de sortie : 28 avril 1950
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Résumé : Le gangster Cody Jarrett et ses complices attaquent un train en Californie. Pendant l’opération, quatre employés sont tués. La police est déterminée à retrouver les coupables et surveille la mère de Cody, à laquelle ce dernier voue une adoration pathologique. Pour détourner les soupçons, Cody se rend à la police prétextant un délit mineur. Les policiers ne sont pas dupes et délèguent un des leurs dans la prison où est enfermé le gangster...
Critique : Unanimement salué comme un chef-d’œuvre, L’enfer est à lui est à la croisée des genres, empruntant à Scarface mais annonçant nombre de psychopathes modernes, et se concluant en explosion apocalyptique, à la manière de nombre de films contemporains. Mais, dans le trajet (auto) destructeur de Cody, ce qu’on retient surtout, c’est, outre la mise en scène de Walsh et le redoutable scénario de Goff et Roberts (qui seront aussi à la manœuvre dans le magnifique L’esclave libre, du même Walsh), l’interprétation puissante de Cagney, impérial en gangster névrosé : qu’il joue de tout son corps (voir la fameuse scène du réfectoire, dans laquelle il devient fou de douleur à l’annonce de la mort de sa mère), de son regard ou de son ricanement (ah ! Ce rictus quand il capture Vera !), c’est un festival avec juste ce qu’il faut d’excessif pour incarner celui qui veut aller « plus haut que tout ». Le réalisateur lui fournit nombre d’occasions de briller et, même dans les plus ridicules, comme quand il s’assoit sur les genoux de sa mère, Cagney parvient à épater, renouvelant constamment son stock de gestes et de mimiques, jusqu’à l’anéantissement final. On imagine peu de comédiens pouvant porter à bout de bras ce rôle, à la limite de la caricature, de la grandiloquence et de la naïveté.
L’enfer est à lui est également un moment clé dans le film noir en ce qu’il s’inscrit dans une double contemporanéité : technique d’abord, avec la police scientifique qui commence, psychanalytique ensuite ; on sent que les scénaristes ont digéré quelques apports freudiens (le complexe d’Œdipe avant tout) pour créer ce personnage ambivalent, à la lourde hérédité, qui cherche une mère de substitut après avoir perdu la sienne. Encore une fois, Cagney parvient à émouvoir par moments, mais il sait aussi être glaçant.
Walsh fait ici montre de tout son savoir-faire, avec sa caméra précise, souvent en mouvement et, aidé par un scénario et un montage probants, il enchaîne les péripéties à un rythme effréné : peu de temps morts, la plupart des séquences jouant un rôle dans l’économie générale ; il y a d’autant plus de mérite que l’intrigue est complexe : Cody y affronte des ennemis extérieurs (la police) et intérieurs (Ed et Verna) et même entre les deux avec l’infiltré Fallon qui a gagné sa confiance. Maître de l’image, le cinéaste compose ainsi avec la prison et l’usine des lieux presque abstraits, faits de lignes verticales, horizontales et obliques qui forment un entrelacs inextricable.
Rythme, tension, nervosité : du grand art, mais du grand art d’équipe ; il faut en effet souligner à quel point dans le système des studios chaque partie contribue au tout. On se bornera à deux exemples : la musique de Max Steiner, tragique et puissante, ainsi que la belle Virginia Mayo, qui joue les garces vulgaires avec brio. Bref, on a ici un concentré de ce que le Hollywood classique faisait de mieux : une attention à tous les détails au service d’une histoire forte et brillamment interprétée.
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