Inside man
Le 14 décembre 2022
Western fantaisiste filmé par un aventurier de la pellicule et interprété par le couple de légende Errol Flynn et Olivia de Havilland.
- Réalisateur : Raoul Walsh
- Acteurs : Arthur Kennedy, Anthony Quinn, Errol Flynn, Olivia de Havilland, Charley Grapewin
- Genre : Western, Noir et blanc
- Distributeur : Swashbuckler Films
- Durée : 2h20mn
- Date télé : 14 décembre 2022 21:00
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 19 avril 2006
- Titre original : They Died with Their Boots On
- Date de sortie : 8 octobre 1947
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Année de production : 1941
Résumé : Un jeune élève nommé Custer se distingue par son talent et son insubordination dans le camp militaire de West Point. Durant la guerre de Sécession, la bataille d’Hanovre est remportée, bien que soldée par un véritable massacre. Il est envoyé par ses supérieurs dans le Dakota, à Fort Lincoln. Mais il se heurte à la fois aux politiciens et aux chercheurs d’or, jusqu’à ce que les Indiens de Crazy Horse se soulèvent à leur tour. L’affrontement aura lieu à Little Big Horn...
Critique : Quelques jours avant Pearl Harbor, le cinéaste Raoul Walsh signait l’un des plus beaux westerns que la Mecque du cinéma ait produit. En filmant une biographie assez romancée du général Custer, Walsh dévoile quelques traits de sa personnalité atypique. Raoul Walsh, qui était sous contrat avec la Warner, devait accepter certains compromis de la part de ses producteurs afin de pouvoir travailler tranquillement. Dans La charge fantastique, où il remplaça au pied levé Michael Curtiz (jugé trop autoritaire par Errol Flynn), avait pour consigne de réaliser "un conte de fée sans la moindre volonté d’adhérer aux faits historiques". Dans ce western fantaisiste, l’auteur présente une vision idéalisée de la carrière brillante et tourmentée du général Custer. Même si la réputation de ce personnage historique perdit de son ampleur, Walsh préféra filmer la légende que de retranscrire la vérité ambiguë de cette brute raciste, mégalomane et qui envoya délibérément ses hommes vers une mort atroce, durant le tristement célèbre massacre de Little Big Horn.
La charge fantastique n’en est pas moins une œuvre cinématographique d’une richesse inouïe. Remaniant sans cesse le script original, Walsh voit dans le personnage de Custer une opportunité qui ne se présente que très rarement dans une vie de cinéaste : dynamiter le système pour lequel il travaille. Ce héros de l’Ouest vouant une haine féroce à la basse politique, l’affairisme et la dictature de l’argent n’est autre que le cinéaste lui-même. De l’intérieur, Walsh dresse un réquisitoire implacable contre ceux qui salissent les valeurs primordiales à ses yeux, la démocratie et la liberté. En signant cette charge utopique, Walsh se démarque courageusement de cette tendance conservatrice que l’on trouvait régulièrement dans les productions hollywoodiennes de l’époque, celles de Cecil B. DeMille en tête.
La mise en scène de Walsh est tout simplement exemplaire. En cent quarante minutes, l’auteur réussit un véritable tour de force en résumant les vingt dernières années de la vie d’un personnage hors norme et qui voulut constamment dépasser son ombre. La mise en scène est par conséquent à son image : montage rapide, rythme soutenu et dialogues ciselés sont les qualités premières de ce western dense, riche et sans temps mort. De plus, Errol Flynn s’en donne à cœur joie dans la composition de personnage narcissique. Aussi indiscipliné que l’était Custer, l’acteur d’origine australienne, promène tout au long du film ses airs de gentleman intemporel, élégant et charismatique.
Dans l’une des dernières séquences, Flynn retrouve sa partenaire de prédilection, Olivia de Havilland, pour une ultime étreinte. La caméra discrète de Walsh s’approche délicatement de ce couple passionné. Errol Flynn, d’une sobriété à toute épreuve, pose sa main sur la joue de son épouse attristée. Elle devine et accepte l’issue de ce combat. Il la regarde pour la dernière fois puis lui dit ces quelques mots : "Traverser la vie à vos côtés a été une chose bien douce, Madame". Il se retourne, enfile son sabre et sort de la pièce. Walsh, qui ne peut retenir ses larmes, se retire délicatement par un léger travelling arrière laissant une Olivia de Havilland évanouie. Du grand art !
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