Sleeping with ghosts

Huit années d’activité intense, voilà qui fait déjà de Brian Molko et ses comparses des anciens bientôt promis aux concerts dans les stades. Pas question pour autant de radoter et de céder un pouce de terrain à ces jeunes groupes (des Strokes à Interpol) qui ont poussé comme des champignons depuis leur dernier album Black Market Music. Ceux-là qui partagent avec le Placebo des débuts, dans une Angleterre alors très passéiste, la même urgence salvatrice.

Pour élargir son aire de jeu, le trio londonien s’est cherché une nouvelle inspiration dans le rock costaud des Queens of The Stone Age, dont l’influence se fait entendre sur un Bulletproof Cupid quasi heavy metal. Différence de gabarit peut-être, le naturel du sophistiqué Brian Molko reprend vite le dessus. Enhardi par les participations récentes de Molko aux projets Alpinestars ou Trash Palace, Placebo creuse d’autres pistes : electro basse-fidélité sur English Summer Rain ou dub-rock sur Something Rotten.

Que les fidèles se rassurent, comme son titre l’indique, Sleeping With Ghosts comporte son lot de titres tourmentés et ambigus : de l’ode SM à la romance avec l’au-delà. Et un single brutal (Bitter End) dans la grande tradition de Placebo, enrichi de quelques notes de piano fantomatique par l’inventif Jim Abiss, producteur des récents disques de DJ Shadow ou The Music.

Peut-être le premier de leurs albums à ne connaître aucune baisse de qualité, Sleeping With Ghosts n’est pourtant pas le plus immédiat de Placebo. Certainement pas une mauvaise chose pour un groupe habitué à être porté aux nues ou traîné dans la boue avec la même précipitation irrationnelle.