Le 30 octobre 2019
- Avertissement : À partir de 8 ans
- Titre original : My Low G Life
- Scénariste : Joe Henderson>
- Dessinateur : Lee Garbett
- Coloriste : Antonio Fabela
- Collection : HiComics
- Genre : Science-fiction
- Editeur : Bragelonne
- Famille : Comics
- Date de sortie : 30 octobre 2019
- Titre original : My Low G Life
Le premier tome d’un comics indépendant de science-fiction nommé aux Eisner Awards 2019 "Meilleure nouvelle série" et en cours d’adaptation au cinéma chez Sony Pictures.
Résumé : La loi universelle de la gravitation disparaît de la surface de la terre qui se divise alors en deux mondes : celui des êtres les plus pauvres qui vivent en apesanteur, celui des êtres les plus riches qui parviennent à vivre sur la surface grâce aux inventions - dont les gravibottes - de l’homme d’affaires Roger Barrow. Willa Fowler, née juste avant le jour G - jour de la disparition de la gravitation - n’a pas connu le monde d’avant et vit avec son père, Nathan Fowler, qui craint de sortir de sa maison pour n’avoir pu sauver sa femme ce fameux jour. Lorsque Willa apprend que son père avait prévu avec Barrow la catastrophe qui allait survenir sur terre, elle décide d’aller rencontrer ce dernier pour qu’il aide son père à vaincre sa peur et à changer le monde. Cependant, la réponse de Roger Barrow n’est pas celle qu’elle espérait.
Skyward bénéficie de deux points forts indéniables : l’originalité de son sujet et la qualité graphique des dessins.
Aucune bande dessinée de science-fiction n’avait jusqu’à maintenant imaginé la disparition de la loi universelle de la gravitation sur terre et ses conséquences. Cette disparition qui a lieu le "G-Day" entraîne non seulement aux confins du ciel, voire dans la stratosphère, les objets du quotidien mais aussi des êtres humains qui trouvent la mort pour n’avoir pu s’agripper ou s’accrocher à la moindre surface. Cette catastrophe, comme on le découvre au cours de l’intrigue - sans en connaître l’origine -, a abouti à la création de deux mondes qui est à l’opposé de l’ascension sociale telle que nous la connaissons : les plus pauvres vivent dans le ciel comme ils le peuvent et y accomplissent les métiers les moins appréciés, les plus riches bénéficient de moyens technologiques qui leur permettent de maintenir la vie qu’ils connaissaient avant la disparition la gravité et évoluent dans l’opulence. Ainsi, les riches sont en bas et les pauvres sont en haut.
Ce paradoxe qui repose sur la division de la société humaine s’accompagne de l’opposition entre deux scientifiques dont l’un est afro-américain et humaniste - Nathan Fowler - et dont l’autre est un Américain de type caucasien et homme d’affaires - Roger Barrow - attaché à ses privilèges et à l’empire financier qu’il s’est construit. L’opposition réside également dans l’onomastique : fowler signifie "chasseur" et barrow "brouette" en français. Cela peut paraître au premier abord insignifiant, mais cela prend sens lorsque l’on s’attache à l’évolution des personnages : Nathan ne peut sortir de chez lui, car phobique et s’avère être tout le contraire d’un "chasseur". Roger, par contre, est tout à fait celui qui amasse une fortune symboliquement grâce à la brouette remplie de pièces d’or que l’on associe habituellement au capitaliste et à Picsou. Le style graphique qui les représente amène à penser qu’il est fait allusion d’un côté à l’ancien président américain Barack Obama et de l’autre au nouveau dirigeant américain Donald Trump. Bien que Nathan ne corresponde pas à son pseudonyme ou du moins le fait par antithèse, Willa y correspond tout à fait, car non seulement elle est volontaire, voire déterminée - to will signifie en anglais "vouloir" - mais aussi systématiquement en mouvement et en quête de la vérité sur l’avant-jour G et de la solution au problème rencontré par la terre : elle est à la fois "porteuse" de colis - autre sens de chasseur - pour une société et en quête de réponses pour le passé de la terre et de solutions pour l’avenir de celle-ci - will est également l’auxiliaire utilisé en anglais pour la construction du futur verbal.
Joe Henderson, Lee Garbett, Antonio Fabela / Hi Comics
Cet univers de l’apesanteur est mimé par le style graphique de Lee Garbett. Son coup de crayon dessine des personnages aux contours et aux mouvements fluides et souples qui peuvent apparaître aux lecteurs dignes des meilleurs animés américains.
Joe Henderson, Lee Garbett, Antonio Fabela / Hi Comics
Ils sont en effet rendus vivants et mobiles, voire aériens, connotant ainsi les conséquences de la disparition de la gravité.
Les prouesses graphiques sont telles que l’on peut apercevoir dans les vignettes des camions, des animaux volumineux dans les airs ou même des voitures, voire une voiture sanglée à côté de la fenêtre d’un immeuble.
Joe Henderson, Lee Garbett, Antonio Fabela / Hi Comics
Joe Henderson, Lee Garbett, Antonio Fabela / Hi Comics
La précision du trait va jusqu’à représenter l’ascension des gouttes de sueur, des larmes et des gouttes de sang. L’apothéose est atteinte avec la représentation du pistolet dont le tir ne sert pas à tuer mais à se propulser en hauteur ou à changer de direction dans les airs - autre paradoxe : l’arme est utilisée à contre-emploi - et celle de l’orage qui apparaît sous forme d’une géante bulle d’eau dans laquelle on risque de se noyer si l’on n’est pas équipé d’un masque de plongée, de bouteilles d’oxygène et de palmes. La prouesse réside également dans l’absence - du moins en apparence - d’images numériques. Les couleurs sont de plus celles des comics qui visent le réalisme et le naturel : elles ne sortent pas de l’ordinaire et c’est ce qui fait leur force. Le tout permet une lecture rapide - voire trop rapide - du tome, car le dessin prime et les bulles sont peu nombreuses - peut-être trop peu.
En tout cas l’originalité est là et il est à espérer qu’elle sera maintenue et amplifiée dans les tomes à venir de la série Skyward. Il reste à voir ce qu’il en sera de l’adaptation pour le grand écran par Sony Pictures.
136 pages - 17.90€
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