Wild Sherry
Le 24 juin 2009
La justesse de l’interprétation de Maggie Gyllenhal, révélée en 2003 par le rôle titre sulfureux de La secrétaire de Steven Shainberg, emporte l’adhésion pour ce petit film américain indépendant qui touche du doigt un drame de la société : le combat d’une mère qui a basculé dans la marginalité pour récupérer son enfant.
- Réalisateur : Laurie Collyer
- Acteurs : Maggie Gyllenhaal, Danny Trejo
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 24 juin 2009
- Plus d'informations : Site officiel
– Durée : 1h36mn
La justesse de l’interprétation de Maggie Gyllenhal, révélée en 2003 par le rôle titre sulfureux de La secrétaire de Steven Shainberg, emporte l’adhésion pour ce petit film américain indépendant qui touche du doigt un drame de la société : le combat d’une mère qui a basculé dans la marginalité pour récupérer son enfant.
L’argument : Sherry Swanson, ancienne droguée, sort de prison après avoir purgé trois ans. Totalement sevrée, elle goûte à son premier jour de liberté et décide de tout faire pour regagner la garde de sa fille, dont se sont occupés son frère et sa femme en son absence...
- © Zootrope Films
Notre avis : Pour son premier long métrage de fiction (après avoir reçu plusieurs récompenses en 1999 pour son documentaire sur le « rêve américain » vécu par une famille d’immigrés portoricains, Nuyorican dream), la réalisatrice Laurie Collyer s’attache à un thème récemment traité au cinéma avec le film Argentin Leonera plébiscité par la critique en décembre dernier. La comparaison s’arrête néanmoins là car les deux films offrent deux portraits de femmes très différents. Le double sens du titre (le bébé de Sherry ou bébé Sherry) amène en effet d’emblée la problématique du film : pour récupérer sa fille à sa sortie de prison, Sherry, 23 ans, doit d’abord prendre la mesure de ses responsabilités et pour cela grandir dans sa tête. L’interprète de Sherry, Maggie Gyllenhal, prend à bras le corps un personnage tout aussi extrême que celui de La secrétaire dans un registre différent mais bien plus répandu.
- © Zootrope Films
Son combat, Sherry le mène en partie contre la société qui ne fait rien ou pas grand chose pour faciliter sa réinsertion, mais avant tout contre elle-même, puisque sa félicité future dépend de sa capacité à se sevrer de la drogue. Le film met ainsi le doigt sur un cercle vicieux récurrent : la volonté de rester clean de Sherry ne résiste pas aux bâtons dans les roues que lui met le monde extérieur. Néanmoins, Sherrybaby offre une vision équilibrée de la société et des protagonistes. Outre le fait de trouver des bons et des méchants parmi les fonctionnaires et les assistants sociaux chargés d’encadrer sa réinsertion (entre ceux qui profitent de sa vulnérabilité et ceux, qui comme le policier, lui laissent une vraie chance de s’en sortir qu’elle saura saisir ou pas), cela s’applique notamment au personnage très partagé de la belle-soeur. On comprend ainsi peu à peu les réticences de celle qui nous est montrée sous un jour hostile voire fielleux, à « rendre » un enfant qu’elle a élevé pendant trois ans comme sa propre fille à Sherry qui, de son aveu même, n’est pas prête à être mère à plein temps.
Sherrybaby a reçu le Prix de la critique internationale et le Prix du scénario au festival de Deauville, ce qui n’est que justice devant ce drame intense et nuancé.
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Norman06 21 juillet 2009
Sherrybaby - la critique
Comment ce magnifique film indépendant a-t-il pu trouver si peu d’écho ? Jamais depuis Un week-end sur deux un récit n’avait conté avec autant de finesse les rapports mère/enfant contrariés par les préjugés sociaux. Tout est dans la demi-teinte, le non dit (le troublant personnage du grand-père, dans une brève séquence dérangeante) ; les clichés sont subtilement contournés et Maggie Gyllenhaal se révèle grande comédienne, dans un rôle pourtant piège. Du grand art !