Seul au Monde (version martienne)
Le 18 mars 2018
Le nouveau Ridley Scott impressionne par son rendu visuel soigné mais ne réussit pas à surprendre et insuffler suffisamment d’émotions. Un divertissement à destination du grand public qui reste donc classique.
- Réalisateur : Ridley Scott
- Acteurs : Matt Damon, Jeff Daniels, Chiwetel Ejiofor, Sean Bean, Michael Peña, Kate Mara, Kristen Wiig, Jessica Chastain
- Genre : Science-fiction, Aventures, Action, Survival
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Twentieth Century Fox France
- Durée : 2h21mn
- Date télé : 26 mai 2024 20:55
- Chaîne : RTL9
- Box-office : 2 511 458 entrées France / 617 200 Paris Périphérie
- Titre original : The Martian
- Date de sortie : 21 octobre 2015
Résumé : Au cours d’une mission spatiale habitée sur Mars, et à la suite d’un violent orage, l’astronaute Mark Watney est laissé pour mort et abandonné sur place par son équipage. Mais Watney a survécu et se retrouve seul sur cette planète hostile. Avec de maigres provisions, il ne doit compter que sur son ingéniosité, son bon sens et son intelligence pour survivre et trouver un moyen d’alerter la Terre qu’il est encore vivant.
Critique : Adepte des projets ambitieux, Ridley Scott est de retour dans le genre de la science-fiction, sur lequel il a construit sa renommée grâce à des œuvres culte comme Alien, le huitième passager et Blade Runner. Seul sur Mars est la fidèle adaptation du roman The Martian d’Andy Weir, décrivant la survie d’un astronaute laissé pour mort sur la planète Mars. Contrairement aux films précités, dont la saga Prometheus emboîte le pas, le réalisateur s’éloigne avec Seul sur Mars des ambiances poisseuses foisonnant de personnages pleins de noirceur.
Profitant d’une scène d’ouverture prometteuse dotée d’une forte tension et visuellement impressionnante, le film laisse peu à peu place à un second degré planant et à un enchaînement de scènes prévisibles sur sa seconde partie.
Laissé pour mort par son équipe suite à une tempête, l’astronaute Mark Watney interprété par Matt Damon se réveille seul sur la planète rouge. Le soulagement n’est que de courte durée, car c’est à partir de cet instant que débutent les problèmes. Comment gérer ses vivres ? Comment se nourrir sur cette planète où rien ne pousse ? Comment procéder à un sauvetage ? Mais le plus essentiel, comment contacter la NASA pour signaler sa survie ?
Seul sur Mars dépeint le comportement humain et l’instinct de survie qui lui est propre. Tout comme les personnages de Tom Hanks dans Seul au monde ou Don Cheadle dans Mission To Mars, Matt Damon persévère et s’accroche à l’espoir d’être secouru. Par chance et surtout par crédibilité vis-à-vis du scénario, le protagoniste ne cesse de mettre sur pied des ingéniosités scientifiques. Sont-elles plausibles ? Peu importe, l’essentiel est surtout d’assurer le spectacle et de nous tenir en haleine. Le scénario est justement intéressant par son habilité à mettre en image l’organisation et la survie de cet homme. Les explications scientifiques sont quant à elles aisément compréhensibles pour une audience grand public, ce qui permet d’assister avec curiosité et enthousiasme aux stratagèmes « système D » élaborés par ce Robinson Crusoé de l’espace.
Contrairement à une grande partie de la filmographie de Ridley Scott, l’espoir et l’optimisme sont ici omniprésents. La ténacité mise en place, pour ne jamais abandonner et résoudre les problèmes un à un, constitue le message intrinsèque du long métrage. D’ailleurs, le style visuel du réalisateur est différent, voire méconnaissable sur d’autres points. L’atmosphère lugubre et confinée des ses précédents films de science-fiction est ici remplacée par un rendu plus réaliste, jouant sur l’alternance des jeux de lumière et la largeur des plans. Autre contraste, le personnage principal ne fait pas face à l’un de ses semblables (Exodus, Gladiator) ou une entité étrangère (Alien, Blade Runner, Prometheus), mais à un adversaire imprévisible qui lui est bien supérieur : la planète Mars et ses aléas.
Le casting alléchant avait quant à lui tout pour être payant. Pourtant, on en ressort avec la fâcheuse impression que les autres acteurs ne sont, pour la plupart, que des faire-valoir. C’est en particulier le cas de Jessica Chastain, qui contrairement aux personnages féminins charismatiques du cinéaste (Sigourney Weaver, Noomi Rapace, Susan Sarandon…) est ici effacée, fade, voire inutile.
Ce qui étonne et gêne le plus dans Seul sur Mars, est qu’il se révèle plus amusant que poignant. Entre l’envie d’instaurer une tension palpable et l’utilisation surabondante de l’humour, un ajustement aurait été bénéfique. En ce sens, le récit ne cesse d’agrémenter les dialogues de catchlines, boutades et références à la culture populaire. À la manière d’un Tom Hanks parlant à son ballon de volley dans Seul au monde, Matt Damon s’enregistre face caméra en détaillant ses idées et ses plans. La musique force le trait de cette humeur joyeuse et décalée avec des tubes des années 70-80, avec en ligne de tête ABBA ou encore David Bowie. Bien que ces quelques allusions culturelles apparaissent dans le roman d’Andy Weir, Ridley Scott aurait pu les minimiser au profit d’une ambiance plus haletante.
La tonalité du film génère donc un détachement trop important et déstabilisant par rapport à la situation du personnage. En dehors des scènes d’action, d’ailleurs trop rares, le manque d’empathie que l’on éprouve empêche d’entrer complètement dans l’histoire et de nous émouvoir.
Visuellement abouti, mais sans réellement de substance, Seul sur Mars arrive à captiver sans jamais nous éblouir. Un goût d’inachevé perdure, en raison de son incapacité à répondre à nos attentes. Le film aurait au contraire gagné en profondeur en s’aventurant davantage dans l’inattendu et le suspense. En d’autres termes, il y a la forme mais pas le fond...
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birulune 3 décembre 2016
Seul sur Mars - Ridley Scott - critique
Waou c’est de la critique ! J’ai adoré et on a vraiment pas l’impression que c’est de la SF, des ados en le voyant pensaient sûrement à une colonisation américaine de la planète rouge ( vive la confusion réalité / imaginaire).
Encore les ados devaient apprécier le coté Facebook- Instagram du film où Matt Damon est filmé quasiment qu’en camera subjective alors que personne ne le regarde, on croirait que c’est le film d’une époque !