Le 28 août 2024
Un synopsis insolite et une mise en scène élégante pour ce conte de fin d’été qui revisite Rohmer ou Hong Sang-soo. Malgré un air de déjà-vu, le film est recommandable.
- Réalisateur : Jonás Trueba
- Acteurs : Itsaso Arana, Vito Sanz, Andrés Gertrudix, Fernando Trueba, Jon Viar
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Espagnol, Français
- Distributeur : Arizona Distribution
- Durée : 1h54mn
- Titre original : Volveréis
- Date de sortie : 28 août 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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Résumé : Après quinze ans de vie commune, Ale et Alex ont une idée un peu folle : organiser une fête pour célébrer leur séparation. Si cette annonce laisse leurs proches perplexes, le couple semble certain de sa décision. Mais l’est-il vraiment ?
Critique : La première séquence donne le ton. Ale et Alex, allongés et éclairés à contrejour, entament une conversation sur l’éventualité de leur séparation. Au cours de ce plan fixe, Ale se lève et s’approche de la fenêtre. L’on découvre ensuite le couple endormi : et si tout cela n’était qu’un songe ? Les qualités et limites du long métrage sont désormais fixées : une œuvre subtile et à multiples niveaux, mais qui n’évite pas toujours la pose et les écueils de l’exercice de style auteuriste. Présenté à la Quinzaine des Cinéastes 2024, Septembre sans attendre est dans la continuité des œuvres de Jonás Trueba. Notre rédaction avait en particulier apprécié le documentaire Qui à part nous (ACID 2021) et la fiction Eva en août (La Rochelle 2022). Le premier cernait avec acuité une bande d’ados espagnols, quand la seconde revisitait le conte rohmérien avec une esthétique délicate. Mais déjà, notre collaborateur Laurent Cambon regrettait pour Qui à part nous « la juxtaposition de scènes a priori hétéroclites », quand Cécile Peronnet déplorait « quelques longueurs » pour Eva en août. Pour ce qui est de Septembre sans attendre, coécrit avec les deux acteurs principaux, il nous semble clair que les limites du dispositif n’entravent en rien les mérites du cinéaste.
- © 2024 Lisbeth Salas. Los Ilusos Films. Tous droits réservés.
Le long métrage est une comédie du couple décalée, qui se distingue par ses situations saugrenues, son humour pince-sans-rire et son élégance de mise en scène. On suit sans ennui les déboires d’Ale et Alex. La première est réalisatrice, le second est comédien, et un « film dans le film » vient créer une sensation de mise en abyme, comme cela a été effectué maintes fois au cinéma, de Huit à demi à Coupez ! Les références ne sont d’ailleurs pas seulement cinématographiques mais aussi philosophiques, comme le dévoilent les propos du père incarné par Fernando Trueba, le propre paternel du réalisateur. Jonás Trueba déclare ainsi dans le dossier de presse « J’essaye toujours d’avoir des références littérales, visibles. J’aime les mettre sur la table. J’essaye de faire en sorte que les citations, les livres, les morceaux, les films, tout ce qui a été important pendant le processus de création, soit intégré à la mise en scène, dans la narration. J’aime proposer la citation de Cavell aux spectateurs, de la même manière que Cavell cite Kierkegaard dans ses livres ».
- © 2024 Lisbeth Salas. Los Ilusos Films. Tous droits réservés.
Après tout, Rohmer citait aussi Pascal dans Ma nuit chez Maud et cela n’était en rien un problème, la culture et l’intelligence du réalisateur étant au-dessus de tout soupçon d’intellectualisme, expression d’ailleurs non dépourvue de connotation populiste. Mais Trueba se couvre un peu trop sur cette filiation, au risque de donner l’impression de réaliser un film de cinéphiles pour des cinéphiles (le plan sur la tombe de Truffaut). En dépit de la grâce de l’actrice Itsao Arana et de la respectabilité du dispositif, on reste un peu extérieur à cette mécanique qui tente la jonction entre la comédie du « remariage » hollywoodien (à la manière de Cette sacrée vérité de Leo McCarey) et l’ambiance minimaliste d’un Hong Sang-soo, tout en surfant sur des problématiques dans l’air du temps (le néo féminisme au cinéma, à travers un débat sur deux films de Blake Edwards). Et si l’on ne reprochera pas à nos deux protagonistes de vivre dans un cadre cossu déconnecté de la réalité (c’était aussi le cas de Mastroianni et Jeanne Moreau dans La notte !), leurs états d’âme pourront sembler répétitifs et superficiels. En dépit de ces réserves, Septembre sans attendre reste une œuvre recommandable ne serait-ce que pour ses ambitions.
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