Muse légère
Le 17 avril 2011
Pur produit du Wiener Film, cette comédie-drame sentimentale et musicale dépasse néanmoins par moments les limites du genre grâce à son élégante mise en scène et à la vitalité de ses interprètes.
- Réalisateur : Géza von Bolváry
- Acteurs : Hans Moser, Paul Hörbiger, Marte Harell, Hans Holt, Fritz Imhoff
- Genre : Comédie dramatique, Musical
- Nationalité : Autrichien
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– Durée : 1h33mn (DVD)
– Première projection publique : 3 mars 1944
Pur produit du Wiener Film, cette comédie-drame sentimentale et musicale dépasse néanmoins par moments les limites du genre grâce à son élégante mise en scène et à la vitalité de ses interprètes.
L’argument :
Le musicien Johann Schrammel compose à ses heures perdues des pièces de musique légère qu’il se refuse à publier. Ces mélodies deviennet immédiatement populaires lorsque son frère Joseph et leur ami commun Anton Strohmayer les jouent à son insu dans les rues de Vienne déguisés en musiciens ambulants. Mais Johann prend très mal la chose et se fâche avec son frère.
La célèbre chanteuse Milli Strubel, surnommée Fiakermilli, parvient à les réconcilier. Le quatuor Schrammeln (Johann et Joseph Schrammel, Strohmayer à la guitare et Georg Dänzer à l’accordéon) attire des foules enthousiastes dans les bars à vin de la capitale jusqu’à ce que le groupe se sépare à nouveau lorsque Johann, amoureux de Milli, découvre que celle-ci entretient une relation avec son frère ...
Notre avis : La quasi totalité des films réalisés en Autriche, ou plutôt dans la Ostmark, après l’Anschluss ont été produits par la Wien-Film GmbH, une société née en décembre 1938 de la dissolution de la Tobis-Sascha-Filmindustrie AG et contrôlée par la Reichsfilmkammer.
Se proposant, conformément au mot d’ordre signé par Goebbels lui-même, d’élever les coeurs et de leur permettre de s’évader dans des mondes meilleurs en leur révélant les valeurs éternelles ils appartiennent pour une large part au genre du Wiener Film (film viennois) et célèbrent le folklore et l’âme d’une Autriche de toujours.
On retrouve dans Schrammeln les ingrédients éprouvés du genre : reconstitution haute en couleurs de Vienne au dix-neuvième siècle (champs de courses, cafés chantants et Heuriger), galerie de personnages typiques (à commencer par les inévitables concierges), omniprésence du vin et de la musique.
Le scénario écrit par Ernst Marischka, futur réalisateur de la série des Sissi, fait revivre le célèbre quatuor fondé par les frères Schrammel mais invente de toute pièces une rivalité entre Johann (1850) et Joseph (1852-1895) tous deux amoureux de la non moins légendaire Fiakermilli (1848-1889), chanteuse de café-concert qui faisait sensation en se produisant en costume de jockey (ce qui requérait une autorisation spéciale de la police).
Véritable meneuse de jeu de l’intrigue la Milli du film est sans doute moins exubérante que son modèle mais Marte Harell, souveraine, en fait un superbe personnage alliant vitalité irrépressible et grandeur d’âme. C’est sans doute le plus beau rôle de cette magnifique actrice souvent sous employée.
Elle éclipse presque les deux monstres sacrés que sont Paul Hörbiger (Johann Schrammel) et Hans Moser qui, dans le rôle de Strohmeyer, reste ici un peu en retrait, réfrénant le génial délire comique qui le saisit ailleurs.
Car, obéissant aux règles du Wiener Film, Schrammeln fait aisément basculer la comédie dans le drame sentimental et réserve quelques acmés émotionnelles dans lesquelles la musique joue bien sûr un rôle déterminant. Le plus beau de ces basculements se produit lorsque Milli écoute Joseph (Hans Holt) lui chanter la nouvelle composition de son frère Man ist nur einmal verliebt - on n’est amoureux qu’une fois, et que, troublée mais parvenant à garder son sang froid, elle se rend compte que c’est une vibrante déclaration d’amour que le jeune homme lui adresse en public.
Ces moments d’émotion et la touche indispensable de mélancolie permettent au film d’être un peu plus qu’un habile et plaisant produit manufacturé et d’occuper une place de choix dans l’abondante filmographie de Géza von Bolváry.
Il est probable qu’aucun des plus de 90 films que ce metteur en scène élégant et au métier sûr a réalisés entre 1920 et 1958 à Budapest Berlin, Vienne, Rome ou Londres ne puisse prétendre au rang de chef d’oeuvre, mais de Zwei Herzen im Dreivierteltakt (1930) à Wiener G’schichten (1940), en passant Zauber der Bohème ou Premiere (tous deux de 1937), nombre d’entre eux méritent le détour.
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