Le 23 novembre 2018
Pour son premier album, L’Or du Commun propose une virée estivale douce et aérienne aussi attachante que son trio de rappeurs.
- Durée : 45mn
- Date de sortie : 16 novembre 2018
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- Copyright : Chase
Notre avis : Alors que l’hiver commence sérieusement à transformer nos mains en glaçon texture écorce d’arbre, la sortie de Sapiens arrive telle une Bel Air de 1957 roulant tranquillement à contresens sur une petite départementale pour nous ramener vers le précédent été. Entièrement produit par le génial Vax1, le premier album de L’Or du Commun agit comme une pilule magique pour faire passer l’hiver à ceux qui le supportent le moins. Pourtant, au contraire de leur EP Zeppelin sorti l’année dernière, Sapiens repose bien peu sur l’humour de Loxley, Primero et Swing ce qui pourtant constituait une de leurs forces. Quelques touches sarcastiques parsèment toutefois certains couplets, comme celui de Primero dans Sur Ma Vie, feel good track en puissance au sujet qui ne s’y prête pas forcément : le milieu du rap et la balance entre l’industrie et l’artistique. L’Or du Commun a le don de s’approprier des sujets, parfois graves, pour en ressortir des morceaux aux allures légères, entêtants, sans jamais moraliser ou verser dans la critique évidente. A la simplicité avec laquelle sont abordés les maux de l’être humain se conjugue la sincérité du groupe, le tout pour un sentiment de proximité avec eux les rendant éminemment sympathique. Le commun du nom du groupe est particulièrement appuyé ici. Pas de bling bling, pas de pauvreté excessive, les belges revendiquent leur appartenance à la classe sociale la plus répandue où le désir de normalité revêt le moyen de rester les pieds sur terre, en phase avec le monde, les plus simples et accessibles dans leur discours foisonnant.
- Copyright : Antoine Bordeleau
En s’attaquant à l’être humain (easy), L’Or du Commun opte pour un ton plus sérieux mais jamais lourd et étrangement toujours aussi détendu. Il ne s’agit pas d’alléger les problèmes évoqués, plutôt de les aborder avec positivité et espoir. Homosapiens, morceau pas éponyme mais presque, symbolise idéalement le projet du groupe. Le trio y évoque quelques travers de l’Homme avec la douceur qui les caractérise, de laquelle découle une beauté délicate et enivrante, tout particulièrement avec le couplet de Swing et son refrain d’une simplicité quasi-absurde. La naïveté surprend un peu, mais vise plutôt juste au final. Le manque d’amour pointé du doigt par le rappeur va de pair avec la critique sur le culte du paraître et ses déviances sur l’unique banger de l’album, Truman Show, morceau exutoire bien énervé (sauf pour Primero, le gars a mis un stop au banger en fait). Cette société d’apparences dépeinte par L’Or du Commun contraste totalement avec l’esprit des trois artistes, décuplant la force du propos de ce Sapiens. C’est parler avec authenticité, amour et passion du manque d’authenticité et d’amour entre les humains dans cette société au rythme effréné. Paradoxalement, c’est avec le sourire que l’on sort du projet, comme si les belges avaient produit un hymne à l’être humain en y mettant particulièrement en avant des travers très en phase avec l’époque dans laquelle on vit.
- Copyright : Antonin Lacoste
L’Or du Commun appuie sur pause dès que l’auditeur appuie sur lecture. L’album délivre des pistes de réflexions accessibles, sans prétention, dans un contexte où l’on ne prend plus forcément le temps de ressentir les choses. Sapiens se pose ainsi comme une antithèse à la précipitation actuelle, celle qui privilégie l’inondation des (dés)informations à la réflexion. Avec cette ambiance aérienne hors du temps, le trio aborde de manière concrète l’amour à travers le très beau Slalom, laissant les émotions s’exprimer par une écriture délicate et des flows apaisants. Avec ses instrumentales enlevées, Vax1 injecte à l’album une dimension esthétique prenante et inspirante. Sapiens est un projet aux teintes pastels, une palette variée mais restant dans cette gamme de couleurs si identifiables. Plus dans les nuages que Sous les Pavés, on écoute rêveur mais conscient ce premier album d’une cohésion totale, entre les morceaux, entre les trois rappeurs, entre les rappeurs et le producteur. C’est transformer l’or en un diamant parfaitement taillé. L’Or du Commun n’a jamais aussi bien porté son nom.
- Copyright : La Brique / Urban - [PIAS]
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