Pot-pourri
Le 1er avril 2003
Les vicissitudes d’un violoncelle en traversée du XXe siècle. Peu convaincant.


- Auteur : Jef Geeraerts
- Collection : Escales du Nord
- Editeur : Le Castor Astral
- Genre : Polar, Roman & fiction
- Nationalité : Néerlandainse

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Auteur de polars à succès dans sa Belgique natale et en Allemagne, Jef Geeraerts est présenté par son éditeur français comme "l’un des chefs de file de la littérature flamande contemporaine". Raison suffisante pour aller y voir de plus près dans son dernier roman traduit. Sanpaku ou le regard qui tue. Force mystérieuse qui parcourt le récit des tribulations d’un violoncelle de Paris à un petit village de Dordogne, en passant par Bayreuth, le camp de concentration de Sobibor et le quartier juif d’Anvers.
Sur le principe, l’idée de cette traversée du siècle par un instrument de musique trop convoité était excellente. Mais voilà, à trop vouloir en faire, à ramasser en une seule histoire ce qui aurait donné matière à trois romans bien nourris, l’auteur ne fait qu’effleurer les thèmes abordés. Il y prouve peut-être l’éclectisme de sa culture (le Japon des samouraïs, les cathares du pays d’oc, la musique de Jean-Sébastien Bach, la vie dans les camps d’extermination, l’art de la facture d’instruments, etc.) mais nous laisse sur notre faim. D’autant plus qu’il termine son Sanpaku au pas de charge, comme pressé de s’en débarrasser, provoquant la perplexité du lecteur devant une chute abstraite, à la limite de l’incompréhensible.
Ajoutez à ce fourre-tout une distanciation qui avoisine la froideur (la musique durcirait-elle les coeurs ?), une misanthropie galopante qui culmine dans deux ou trois scènes de fesses frisant le grotesque et, pire, quelques remarques faussement anodines, glissées ça et là, qui dérapent à la marge acceptable (inacceptable ?) du mépris pour les juifs et les homosexuels. Vous aurez compris que le pot-pourri de Geeraerts comporte trop de fausses notes pour que nous ayons envie de vous le recommander, malgré ses évidentes qualités récréatives et la maîtrise de plume de son auteur.
Jef Geeraerts, Sanpaku (traduit du néerlandais par Marie Hooghe), Le Castor Astral, coll. "Escales du Nord", 2003, 218 pages, 15 €