Le 7 décembre 2018
Le single P’tite Pute donnait le ton, l’album enfonce le clou... Une bonne dose de misogynie habite le dernier album rageur de Saez qui pourtant n’a pas perdu de sa superbe dans l’écriture et les mélodies qui s’inscrivent toujours dans l’excellence de notre meilleur enfant du rock.
L'a écouté
Veut l'écouter
Photo Damien Saez & Ana Moreau
Notre avis : Avec ses morceaux épiques qui s’abandonnent sur sept minutes dans son incipit, le nouvel album de Saez -oui, encore un autre, et ce n’est pas fini, le suivant débarquera en février 2019-, s’impose de façon progressive, l’haleine floydienne dans les cordes. Au gré d’errances instrumentales, le rockeur, désormais quadragénaire, pose son album dans un no-man’s land assassin à l’égard d’un espace mondialisé à la dérive où les réseaux sociaux sont très vite attaqués comme les éléments morbides de notre existence perdue.
La Mort poste un message social audible, quand l’emballant J’envoie, au rythme d’une Mano Negra révoltée, enfonce un peu plus le clou au pilori. Le mode selfie devient l’objet métaphorique et systématique d’une critique de la superficialité d’une gente féminine 2.0., qu’elle s’appelle Nabilla et Kim Kardashian. Vile, veule et intérieurement vilaine, les bimbos déchets décrites dans P’tite Pute, La belle au bois et Elle aimait se faire liker ont de quoi heurter les amateurs de bienséance et alerter les followeurs du militant de la cause anti-capitaliste.
© 2018 Wagram Music. Tous droits réservés.
Vulgaire catin des comptoirs de club ou de comptes de photo Instagram, la femme explosée par la plume assassine du rockeur fait fantasmer les prolos pour mieux se vendre aux bourgeois, si l’on cite quelques idées captées ici et là, dans ce flot de haine que l’on n’imagine pas gratuite car enraciné dans une thématique marchande récurrente chez l’auteur, mais qui semble souvent l’emporter sur la rage dénonciatrice. Jusqu’à Ma religieuse, l’on pourrait reprocher aisément à l’artiste de se défausser de toute empathie dans son portrait pathétique de gamines devenues femmes, paumées dans cette société globalisée, comme si jamais ne cherchait-il à gratter sous le vernis.
© 2018 Wagram Music. Tous droits réservés.
Doit-on pour autant condamner l’enfant terrible du rock’n’roll français ? Est-il soudainement passé de Jeune et con à vieux con ? Sûrement pas.
Dans l’outrance et la violence, l’on retrouve l’acharnement polémique d’un artiste engagé dont le talent d’écriture est manifeste sur chacun des morceaux, à l’oeuvre dans chaque bon/gros mot, et où le sens inné de la mélodie, qui passe forcément par la voix, rend l’écoute totalement obsessionnelle (le diptyque de la misogynie, P’tite Pute et La Belle au bois ravivent les extases ascendantes du single Miami).
Dans la force des vers et les prouesses rock, #Humanité est du grand Saez. Et son acharnement à abattre l’icone féminine Snap du prêt-à-poster, fait paradoxalement honneur au mouvement #Metoo, puisque Damien Saez met indéniablement l’homme et la femme sur la même barque, celle d’une égalité de choix dans son dégoût et sa misanthropie patente envers la déliquescence assumée de notre espèce.
Avec ses tropes chocs, Saez demeure le conteur immense de la décadence de notre époque.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.