Le 30 juin 2024
Toan écrit et dessine cette histoire touchante qui nous réserve plusieurs surprises. L’air de rien, la BD aborde des sujets graves, allant du harcèlement à la guerre.
Résumé : Ce premier volume suit une jeune fille qui fait la planche dans l’eau en regardant les avions traverser le ciel. Sont annoncés au même moment l’ouverture des JO de 2036. Sur l’île d’Arrecquero, dans le Pacifique, un homme, Kurk, apprend qu’il souffre de la maladie de Charcot, il est condamné à plus ou moins long terme. La jeune fille sort de l’eau et découvre que trois ados ont pris ses chaussures. La bande à vélo se moque d’elle. Elle décide de ne pas se laisser faire...
Critique : L’histoire présente une île fictive du Pacifique, Arrecquero, dans un monde qui correspond méchamment aux nôtres. On y retrouve pêle-mêle les USA, la Chine, les tensions politiques, sauf que nous sommes en 2036. Pas de navettes volantes ou de téléporteurs, juste notre bonne vieille planète avec dix ans de plus. Fee habite cette île, elle est l’héroïne de cette histoire. Sa mère, amirale sur un porte-avions, est toujours en vadrouille car la guerre fait rage entre le nord et le sud, son père souffre de la maladie de Charcot mais lui cache la vérité. Heureusement 2036 est l’année des Jeux Olympiques, instaurant une trêve mondiale. Fee espère revoir sa mère, mais rien n se passe comme prévu. Cette histoire qui démarre sur une ado qui rencontre des problèmes pour s’intégrer dérive sur un parcours de survie en pleine guerre.
Avec ce récit qui devient de plus en plus dur, Toan nous livre une histoire étonnante. On s’attache très rapidement à Fee et on enrage, on se désespère, on est stupéfait comme elle. L’intrigue se développe sans complexification inutile. Avec juste la situation de départ et son évolution, Toan parvient à nous entraîner dans une histoire de plus en plus sombre. On se demande bien comment cette série pourra évoluer en gardant la barre aussi haut, et on a hâte de le voir.
Toan opte, point de vue graphisme, pour un style jouant énormément sur le trait : les hachures omniprésentes apportent volume, ombrages et se mélangent dans certaines cases avec la présence d’aplats de noir qui créent des zones d’ombre très dense. Les lignes de vitesse utilisées renforcement le dynamisme mais parfois, quelques-unes seulement suffisent à traduire la force de l’action qui se prépare. Toan sait aussi jouer sur des perspectives faussées, et surtout la déformation des membres qui nous fait ressentir cette puissance à nulle autre pareille qui anime la jeune fille quand elle court.
- © Toan / Ankama
En plus des noirs et des hachures, Toan ne se prive pas de l’usage de trames de gris qui permettent de créer des contrastes, de faire ressortir un personnage sur le fond. Tout semble possible au fil des pages de cette BD, tout en gardant une cohérence visuelle forte. Noir, blanc, gris, hachures, trames… Et ce style d’encrage qui donne l’impression d’un crayonné, par la nervosité de petits traits comme jetés à la hâte, qui contribuent également à la force du dessin.
Et même s’il n’y a que sept pages en couleur, il serait dommage de ne pas évoquer la maîtrise et la puissance des teintes de Toan. Les mélanges de vert maritimes, le bleu éclatant du ciel, les dégradés font des premières pages de cette BD une immersion colorée surprenante et immédiate.
Run to Heaven T.1 démarre en trombe avec beaucoup d’émotions et un style graphique très crayonné, rugueux, brutal, plein de bonnes idées pour créer une dynamique visuelle. Une série à suivre de près...
280 pages – 9,95 €
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