Rules : First Blood et sa violence ultra-violente

Notre avis : Si l’idée avec Rules était de suivre l’adage « Les règles sont faites pour être brisées », alors First Blood ne les a pas seulement cassées, mais les a surtout balayées d’un brutal souffle de metalcore si puissant que l’on soupçonne également la destruction du studio pendant l’enregistrement. En partant d’un concept aussi simple que raccord avec une affiliation musicale punk, les cinq loups de San Francisco condensent avec une incroyable énergie la rage d’un bouillonnement revendicateur à tendance anarchiste, dont le nom des premières pistes se portent garant, à commencer par Fuck the Rules, véhiculant assez clairement le fil conducteur de l’album. Tout au long de Rules se succède donc des déclinaisons des différentes règles impactant la société et ses constituants, celles de la justice, de l’engagement, de la conviction, du sacrifice, de la liberté, et quelques autres encore. Dès lors, le groupe se charge de démanteler avec une féroce hargne chaque pan de la société vu sous l’angle des restrictions qu’elle met en place, mais également, et peut-être surtout, se charge de booster l’auditeur par des hymnes à la liberté ainsi qu’au courage de s’opposer à diverses formes d’abus et d’inégalités.

Sans aucun temps mort, l’album déroule finalement une série d’hymnes destinée à déchaîner son auditeur et l’emporter dans la même rage que celle véhiculée par le groupe. Grâce à des gimmicks bien punks et une structure des morceaux ultra-efficace, le quintet californien défoule et appelle aux mouvements de foule, tant chaque titres semblent destiner à la scène, devant un public furieux, prêt à scander et backer certaines des paroles de Carl Schwartz (on devine aisément lesquelles en écoutant l’album). En cela Rules met bien évidemment l’accent sur l’énergie déployée plus que sur le propos des morceaux, simplifié par des lyrics volontairement courtes et directes dans une volonté d’enchaîner les uppercuts dans la tronche, comme une invitation à headbanger pendant un peu plus de 35 minutes. Si le précédent opus de First Blood se basait sur un étrange mixage imposant une barrière à l’extériorisation brutale de l’énergie de l’auditeur, la direction entreprise pour Rules par le groupe traduit une volonté de placer tous les outils au service de la brutalité de leur musique. La production n’est donc plus antagoniste de l’extrémemisme de ce métal, et les deux se conjuguent dans un même objectif, où tout est mis en œuvre pour alourdir au maximum les compositions. Pour autant, bien que rares, Rules se ponctue de quelques envolées plus atmosphériques (tout en ne quittant pas vraiment le metalcore), comme sur Rules of Conviction et son pont (qui n’en est pas trop un en réalité) étonnant, plus torturé et mélodique, ou la transition entre Rules of Engagement et Rules of Justice, pour finir sur Rules of Crisis, et sa production plus synthétique, même peut-être trop diront certains (on flirte avec la frontière d’un morceau de Bring Me The Horizon, ce qui n’est pas un compliment). La conclusion reste néanmoins d’une efficacité dans la lignée du reste de l’album. Rules est un summum de violence et de rage quasi-constant, un catalyseur à l’esprit punk, dans le concept, et dans le caractère entraînant de chaque morceau.