Regards sans sourires
Le 17 mars 2011
Convaincu et percutant, relatant avec punch un drame individuel dans un contexte politique, le film est l’un des sommets de Loach.
- Réalisateur : Ken Loach
- Acteurs : Treat Williams, Mark Womack, Andrea Lowe, Stephen Lord, Geoff Bell
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h49mn
- Date de sortie : 16 mars 2011
- Festival : Festival de Cannes 2010
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Résumé : En septembre 2004, Fergus persuade son ami d’enfance, Frankie (ancien para), d’intégrer son équipe d’agents de sécurité, à Bagdad, pour un salaire de douze mille livres, non imposable. C’est leur dernière chance de « se faire du blé » dans cette guerre dont la privatisation va croissant. Ensemble, ils vont risquer leur vie dans une ville où règnent la violence, la terreur, l’impunité et l’avidité. Une ville par ailleurs inondée de milliards de dollars américains. En septembre 2007, Frankie meurt sur la « Route Irish », la plus dangereuse de Bagdad. Fergus rejette l’explication officielle et, brisé par le chagrin, retourne à Liverpool où il entame sa propre enquête sur la mort de son alter ego.
- Copyright Diaphana Distribution
Critique : Avec ce film, invité de dernière minute de la compétition officielle cannoise, Ken Loach fait la synthèse de ses récits (de Kes à Just a kiss), dénonçant le sort des laissés-pour-compte de la société anglaise, et de ses œuvres plus ouvertement politiques dans un contexte international et historique : Route Irish est ici dans la mouvance de Land and freedom ou Le vent se lève. Délaissant l’humour et le sens de la dérision explicites dans Raining stones ou Looking for Eric, Loach retrouve ce ton grave et cette ascèse dramatique qui faisaient la force de Regards et sourires ou Ladybird. Tourné en Jordanie pour les séquences irakiennes et à Liverpool, Route Irish, tiré de faits réels, confirme le talent d’écriture de Paul Laverty, scénariste habituel de Loach, dont les dialogues incisifs excellent à faire ressortir le drame individuel (la détresse de Frankie et Rachel) dans le cadre d’une tragédie collective aux implications économiques et politiques. Comme dans The navigators, la critique de la marchandisation du monde met en exergue la complicité des grands groupes et des pouvoirs publics, aboutissant à des aberrations telles que « le métier de la guerre est en train d’être délibérément privatisé sous nos yeux ». Au delà de cette prise de position citoyenne, Ken Loach adopte le rythme du thriller, par un sens du montage aussi brillant que dans It’s a free world, et un art de la tension qui culmine par une magistrale séquence d’extorsion d’aveux. Alternant images d’archives, reconstitution réaliste, sécheresse du polar de série B et théâtralité des situations, Route Irish est un des sommets de sa filmographie.
- Copyright Diaphana Distribution
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