Front froid
Le 20 octobre 2004
L’extrême droite norvégienne entre hier et aujourd’hui : une suspense haletant, une enquête fouillée. Que demander de plus ?
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Passablement cabossé par ses aventures australiennes et thaïlandaises [1], l’inspecteur Harry Hole aura-t-il le loisir de souffler un peu puisque le voilà de retour en Norvège ? Que nenni ! Notre homme a l’art de se fourrer dans le pétrin et le voici muté dans un placard doré, le Service de surveillance de la police, à enquêter sur le milieu néo-nazi, puis, de fil en aiguille, sur les anciens engagés volontaires dans la Waffen SS. Partis pour défendre leur pays contre le bolchévisme, ces Norvégiens seront à leur retour jugés pour trahison. Ils en garderont une terrible amertume.
C’est tout un pan ténébreux du passé norvégien que Jo Nesbø dévoile ici, remontant au terrible hiver 42-43, aux troupes allemandes enlisées dans le froid, harcelées par les Russes aux portes de Leningrad. Dans un mouvement d’aller-retour entre passé et présent, le mystère s’épaissit de meurtre en meurtre, en cercles concentriques autour de l’inspecteur Hole. Rebondissements haletants et fausses pistes se succèdent sans relâche. Dévoilant les penchants bien peu avouables d’un pays, Rouge-gorge est à la fois une leçon d’histoire formidablement documentée, une évocation de la Norvège sous l’angle d’un passé qu’on a longtemps préféré taire et une énigme ficelée avec brio. Le tout agrémenté de portraits psychologiques fouillés, en particulier celui de Harry Hole - carapace de cynisme pour camoufler tendresse et besoin d’amour - qui, en trois romans, s’impose comme une grande figure de flic. Et Jo Nesbø comme un écrivain accompli. Rouge-gorge a du rythme, est écrit avec verve, n’est pas moral pour deux sous. Il se dévore jusqu’au final, une course contre la montre le jour de la fête nationale, qui résout le mystère mais n’extirpe pas le ver du fruit, laissant la porte ouverte à un nouveau roman situé, celui-ci, à l’intérieur de la police. On attend avec impatience l’attachant Harry dans ces nouvelles aventures.
Jo Nesbø, Rouge-gorge (Rødstrupe, traduit du norvégien par Alexis Fouillet), Gaïa, 2004, 483 pages, 21 €
[1] Aventures narrées dans dans les deux premiers polars de Jo Nesbø, L’homme chauve-souris et Les cafards, tous deux publiés chez Gaïa également
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