Le 2 février 2021
A partir d’images d’archives, d’autres issues d’un film "perdu", de séquences recréés et d’interviews, Martin Scorsese réinvente à sa façon la tournée "Rolling Thunder Revue" 1975/1976 de Bob Dylan.
- Réalisateur : Martin Scorsese
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Netflix
- Durée : 2h22min
- Date de sortie : 12 juin 2019
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Résumé : En 1975, Bob Dylan réunit plusieurs artistes pour une tournée marathon à travers les États-Unis : la Rolling Thunder Revue.
Critique : Martin Scorsese, grand amateur de l’artiste folk, réalise ici son deuxième documentaire sur l’artiste après No direction home, Bob Dylan (2005), qui évoquait les débuts de Robert Zimmerman jusqu’en 1966. Ici, il se concentre sur une tournée du chanteur entouré de plusieurs artistes, baptisée Rolling Thunder Revue, qui s’étendra de l’automne 1975 au printemps 1976.
Le film se révèle être en fait un faux vrai documentaire : des images d’archives réelles se mêlent à de "faux" témoignages et des séquences numériquement modifiées.
Toute la partie réelle provient d’un film fleuve appelé Ronaldo and Clara, réalisé par Bob Dylan lui-même en 1978, à partir d’extraits de cette Rolling Thunder Revue, d’interviews et de quelques scènes de fiction. Ce long métrage de plus de quatre heures, boudé à sa sortie, a d’abord été remonté, puis retiré de la distribution par l’auteur lui-même, et demeure introuvable aujourd’hui.
D’autres images d’époque témoignent de l’impact de la contre-culture américaine, et de l’influence intellectuelle et politique des textes de l’auteur Bob Dylan. On retrouve ainsi des images sur la genèse de la chanson "Hurricane", en hommage au boxeur noir Rubin Carter, condamné pour un triple meurtre : condamnation abusive et sans preuve pour beaucoup (il passa tout de même plus de vingt ans en prison et bénéficia d’un non-lieu en 1988).
On retrouve parmi les invités, dont certains occasionnels, le poète Allen Ginsberg (avec qui Dylan ira se recueillir sur la tombe de Jack Kerouac), Joni Mitchell, Roger McGuinn (ex Byrds), la violoniste Scarlet Rivera (qui jouera aussi sur l’album de Dylan "Desire", sorti en 1976) et bien sûr Joan Baez. On peut aussi apercevoir la débutante Patti Smith déclamer un poème, dans un club de l’East Village, à New York.
Il y a aussi quelques séquences totalement recréées, comme celles du soi-disant metteur en scène des moments de la tournée, un certain Stefan Van Dorp, malaimable et hautain (joué par Martin Von Haselberg du duo The Kipper Kids), ou encore des images d’une rencontre entre Dylan et la très jeune Sharon Stone, affublée d’un t-shirt du groupe Kiss, d’où l’idée du chanteur de se blanchir le visage pour les concerts. Cette hypothèse, fantaisiste et revendiquée comme telle, est totalement fabriquée : l’idée du maquillage blanc est venue à Dylan en référence au personnage de Baptiste Deburau le mime, interprété par Jean-Louis Barrault dans Les enfants du paradis de Marcel Carné (1945).
Martin Scorsese a réussi l’exploit de faire parler Dylan face caméra pour les besoins du long métrage. Celui-ci raconte ses relations avec les différents partenaires de cette tournée barnum, sans toutefois se livrer, il ne faut pas en demander trop !
Film collage, ce presque documentaire illustre autant un témoignage musical que l’idée suivante : un film, c’est aussi une illusion, le cinéaste nous le rappelle au début avec des images dues à Georges Méliès. L’illusion, c’est aussi de nous faire croire à de fausses archives (citées plus haut), et c’est encore le maquillage blanc, accessoire de la pantomime.
Agaçant pour certains peut-être, inventif et malin pour d’autres, cette œuvre, en tout cas, sort largement des sentiers battus du documentaire musical traditionnel, ce qui en fait tout son sel. Et bien sûr, ceux qui apprécient, et Martin Scorsese et Bob Dylan, ne peuvent qu’y trouver leur compte.
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