Rodolphe Burger : Good – critique de l’album

Notre avis : Depuis maintenant une trentaine d’années, le guitariste et chanteur Rodolphe Burger trace son chemin, loin du star-système ou des médias grand public. Que ce soit à travers sa formation Kat Onoma (1986-2002) ou ses multiples collaborations avec Alain Bashung, Chloé Mons, Françoise Hardy, Jacques Higelin ou encore Olivier Cadiot, l’homme n’a eu de cesse d’arpenter les terres d’une musique ambitieuse, largement tributaire de ses racines blues. A la charnière entre une tradition américaine très marquée (qui se retrouve dans le choix des textes, souvent des poèmes anglo-saxons, ici T.S. Eliot et E.E. Cummings) où le blues s’insinue par le biais d’un jeu de guitare caractéristique et une tradition bien française de la chanson parlée (à la suite de Serge Gainsbourg, Bashung et consorts), Rodolphe Burger continue d’emprunter des chemins de traverse, tentant une synthèse audacieuse, mais qui fonctionne à merveille.
Il nous revient en ce mois de février 2017 avec un nouvel opus en solo intitulé Good. Si le chanteur aime toujours autant les grands écarts entre poésie sensuelle et sons bruts, l’album est plus équilibré que No Sport (2009), opus intéressant mais qui souffrait de quelques titres mineurs. Ici, Rodolphe Burger alterne les moments de pure sensualité où il joue de sa voix chaude pour instaurer un climat intimiste qui touche droit au cœur. Dans ces chansons plus douces, il se sert également de petits sons électroniques et de légères distorsions pour créer une musique enveloppante. Parmi ces titres – qui ont notre préférence – on trouve justement Good, An der Lili, Providence, Hard Times et surtout le magnifique Poème en or qui est selon nous le meilleur morceau de cette nouvelle galette.

(C) Julien Mignot

Autre tendance, des titres plus influencés par le blues viennent donner une coloration plus dynamique à l’ensemble comme Happy Hour, Cummings ou Waste Land. Enfin, comme au temps de Kat Onoma, Rodolphe Burger se permet quelques morceaux aux sonorités plus dures et industrielles sur des titres à la redoutable efficacité tels que Fx of Love et Painkiller. Judicieusement placés, ces morceaux permettent d’éviter toute forme de monotonie et relancent à chaque fois l’intérêt de l’auditeur. L’album se termine par un poème déclamé intitulé Lenz (de Büchner) où l’on retrouve ici l’ambiance de l’œuvre la plus difficile d’accès de Bashung L’imprudence. C’est donc en toute intimité que se clôture ce superbe album qui confirme une fois de plus la place centrale occupée par Rodolphe Burger dans le paysage musical français.
A noter également que l’artiste défendra ses nouvelles compositions sur scène aux dates suivantes :

17.03.17 L’ARCHIPEL – FOUESNANT
18.03.17 LE VAUBAN – BREST
23.03.17 FESTIVAL LES CHANTS DE MARS – LYON
29.03.17 LE 106 – ROUEN
31.03.17 FESTIVAL MYTHOS – RENNES
01.04.17 PAUL B – MASSY
26.04.17 LE 104 – PARIS
12.05.17 LA CITROUILLE – ST BRIEUC
18.05.17 LA LAITERIE – STRASBOURG
19.05.17 USINE A GAZ – NYON (Ch)

L’album sera disponible à la vente à partir du 24 février 2017.

Track list :

01 Good
02 Happy Hour
03 Cummings
04 Poème en or
05 Rien ni personne
06 Fx of love
07 Providence
08 An Lili
09 Painkiller
10 Waste Land
11 Hard times
12 Lenz