Highway to Hell
Le 21 avril 2004
Le quotidien d’une patrouille de police mêlé à un récit fantastique. Stephen King assomme les symboles américains.
- Auteur : Stephen King
- Editeur : Albin Michel
- Genre : Thriller, Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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Stephen King mêle habilement le quotidien d’une patrouille de police de Pennsylvanie à un récit fantastique dans lequel la voiture devient une imprévisible machine à tuer. Les symboles en prennent un coup.
On aurait tort de voir en Stephen King un simple raconteur d’histoires à coller des frissons dans le dos. Comme pour le vin, il nous gratifie chaque année d’un cru différent et cette cuvée, même si elle n’est pas la meilleure, s’en sort avec les honneurs. Ce roman est celui d’un écrivain qui, mine de rien, utilise une ficelle grosse comme le bras pour nous parler de beaucoup d’autres choses.
La ficelle, c’est le mythe de la grosse américaine, une Buick 8 Roadmaster des années 50 qui ressemble à une voiture mais qui n’en est pas tout à fait une... Symbole de l’Amérique bienheureuse d’Einsenhower, celle du début des pavillons individuels aux pelouses entretenues et d’une adolescence sage et rangée, ce bolide, abandonné par un type étrange et remisé dans le hangar d’une patrouille de police, possède de curieux pouvoirs. D’ailleurs, il est capable d’avaler des flics rien qu’en ouvrant lui-même son coffre. C’est dire ! Voilà pour le prétexte.
Seulement, c’est avant tout le quotidien d’une patrouille de police que Stephen King dévoile ici. Un quotidien rythmé par la peur. Peur de cette voiture, évidemment, mais surtout des dingues qui sillonnent les routes, des bargeots qui tabassent leurs copines, des braqueurs à la petite semaine, des alcoolos prêts à sortir leur flingue au moindre mot de travers. Une trouille qui ne les lâche pas. L’un d’eux ne se pardonnera pas d’avoir écrasé une mère innocente et se glissera un canon dans la bouche. Ce suicide mène tous ses collègues à une réflexion sur leur boulot et sur ce qu’ils sont devenus, après d’épuisantes années de service.
Ce récit des vingt dernières années de la patrouille, ce sont tous ses membres qui la racontent à Ned, le fils d’un flic écrabouillé par un chauffard. Des membres qui apparaissent comme une véritable famille, presque comme une société secrète. Alors, bien sûr, l’argument concernant la Buick semble anecdotique par rapport au mal-être qui habite toutes ces consciences. Quand on sait que Stephen King a failli mourir écrasé lors de la rédaction de ce roman, on comprend que le traumatisme soit aussi tenace qu’obsédant et que cet ouvrage raconte d’abord ses propres hantises. La peur d’un pays, de ses enfants et de sa culture. Mais avant tout, une véritable et obsessionnelle peur de mourir.
Stephen King, Roadmaster (From a Buick 8, traduit de l’anglais (américain) par François Lasquin), Ed. Albin Michel, 2004, 444 pages, 22 €
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