Serena - La chronique BD

Une exploitation forestière au cœur de la Caroline du Nord accueille son patron George Pemberton de retour d’un voyage d’affaire de trois mois à Boston.
Mais celui-ci ne rentre pas seul… et n’est pas seulement accueilli par sa garde rapprochée.
Un homme âgé et sa fille sont également là…
Ce "western" version thriller commence par la naissance annoncée d’un petit garçon, dont on peine à imaginer sa vie autant que celle de son géniteur.

En 1930, le gouvernement américain effectue une vaste campagne de rachat de terres auprès de ses citoyens pour en faire des parcs naturels … ces terres que la rousse mystique Serena est venue conquérir par son mariage avec George Pemberton.
Serena règne en maîtresse toute puissante et cruelle sur l’exploitation.
Le trait sobre et singulier de Terkel Risbjerg font mouche … D’ailleurs celle que Serena a sur sa pommette droite, Pemberton aurait dû s’en méfier. Au 18ème siècle le positionnement de ces faux grains de beauté signifiait le tempérament passionné, galant et effronté de la femme qui les portait à cet endroit.

Pemberton et sa femme comptent raser les forêts qui leur appartiennent jusqu’au moindre buisson pour en revendre le bois afin de ne pas être lésés lors du rachat de leurs biens par l’État.
Ils créent au passage un déséquilibre de l’écosystème par l’intrusion d’un rapace tueur de serpents censé protéger leurs ouvriers, mais qui aura pour conséquence d’augmenter la population de rats qui dévasteront tout sur leur passage.
L’ambition du couple sera plus forte que tout, n’ayant aucune limite ni considération de leur prochain… Le carnage est annoncé…
S’il ne doit rester que deux êtres à la fin, ce sera eux, et eux seuls.
L’un de leur bras droit (aux allures de Nosferatu) ayant perdu sa main gauche dans un accident, la rouquine en fait son garde du corps et se rapproche de la mère de ce dernier, voyante et un peu sorcière… mais ira-t-elle jusqu’à se débarrasser de l’homme qu’elle aime le plus au monde …

Les paysages de ce roman graphique sont flamboyants et chatoyants, d’une violence et d’une énergie qui confère aux conditions de vie de l’époque, au tempérament dur, sauvage et à la lâcheté des hommes face à leurs responsabilités.
Les grands espaces prennent toute leur ampleur au fil des pages, tout comme l’hostilité de ces terres ou aucune loi n’était respectée. Un jour gagnant, le lendemain perdant…

Cet ouvrage est prenant, passionnant, il retrace une palette de caractère liée à la grande histoire des États-Unis, le suspens et le danger en bandoulière tel le fusil de Serena, qu’elle manie si bien.