Regard noir
Le 2 mars 2004
Panahi met en scène une vision pessimiste de l’Iran et réussit son pari haut la main.
- Réalisateur : Jafar Panahi
- Acteurs : Hossain Emadeddin, Kamyar Sheisi, Azita Rayeji, Shahram Vaziri
- Genre : Drame
- Nationalité : Iranien
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h37mn
- Titre original : Talaye sorkh
- Date de sortie : 25 février 2004
- Festival : Festival de Cannes 2003
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Résumé : À Téhéran, Hussein, venu se venger d’un bijoutier qui l’a humilié, abat ce dernier avant de retourner l’arme contre lui. Pour mieux comprendre son geste, retour quelques jours plus tôt lorsque Ali, son ami et escroc à la petite semaine, lui montre le contenu d’un sac volé qui contient un reçu pour un collier d’une valeur inconcevable à leurs yeux.
Critique : Comment l’être humain peut-il basculer dans la violence extrême ? C’est en tentant de répondre à cette question que Jafar Panahi nous offre un film d’une authenticité poignante, qui tire son origine d’un fait divers qui l’a longtemps obsédé. D’emblée, on sait que toute l’histoire finira mal : le film étant construit sous la forme d’un retour en arrière, on est, dès la première scène, confronté au meurtre du bijoutier et au suicide de son agresseur, Hussein.
Comme une évidence, le réalisateur va alors remonter le fil des événements qui l’ont amené là. Finalement, c’est l’humiliation de trop qui pousse à commettre l’irréparable, mais le glissement s’opère de manière si insidieuse qu’il se fait tout naturellement : c’est le mépris de l’officier de police, le pourboire ridicule, un client qui l’utilise pour s’épancher... Avec Jafar Panahi, les inégalités sociales servent de détonateur et lui permettent de pointer les travers d’une société iranienne où le fossé entre les classes n’a fait que se creuser, au point d’étouffer ceux qui se trouvent en bas de l’échelle. Et la caméra de Panahi, si pudique et dénuée de tout artifice dans le regard qu’elle pose sur la déchéance et la misère humaine, le dénonce cruellement.
Considéré comme subversif Sang et or a été interdit par les autorités iraniennes, Jafar Panahi cependant ne cherche pas à délivrer un message politique, simplement à mettre en scène une vision pessimiste, mais terriblement réaliste de son pays. Un pari risqué qu’il remporte haut la main.
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