Rentrée littéraire : la surprise Sagan

News : « Avec ce roman, Françoise Sagan nous offre une balade en décapotable à vive allure, cheveux au vent, sur les routes de Normandie […] Son style délicat se retrouve dans ce tableau de la bourgeoisie, charmante et discrète en surface, pour devenir plus sulfureuse et transgressive en profondeur » nous annonce l’éditeur.

Le décor est planté, et il est savamment « saganesque », évidemment. Une vaste propriété provinciale, une famille bourgeoise bien implantée, un fils unique grièvement blessé : Ludovic, seul héritier, qui rentre après deux années de soins hospitaliers, retrouve ses parents et sa femme Marie-Laure, « sophistiquée et sans culture », pas vraiment prête à se dévouer son mari, à supporter la perte d’autonomie de celui-ci. Ne manque plus qu’un élément déclencheur, une belle-mère, Fanny, artiste séduisante et fascinante, qui pourrait bien faire vaciller sur ses bases cette maisonnée étriquée et mesquine jusque dans ses fondations. Mais de la fin, nous n’en saurons rien, car ce mystérieux roman restera inachevé.

Le mystère a été adroitement gardé, puisque nous n’avons appris la publication du récit que la veille de sa parution, le 19 septembre. Retrouvé parmi « une montagne de papiers », par son fils David Westhoff, qui l’aura aussi préfacé, ce livre sauvé de l’oubli, aura également dû être reconstitué. En effet, le manuscrit comportait de nombreux trous, « des mots parfois même des passages entiers » qu’il aura fallu combler, afin de faire résonner une nouvelle (dernière ?) fois la « petite musique » de l’autrice de Bonjour tristesse. Délicate et sensuelle, nimbée d’une désinvolture cynique, l’écriture souvent contestée de Françoise Sagan aura marqué son temps. Cinquante ans de vie littéraire et de déboires légendaires, et aujourd’hui l’occasion, peut-être, de redécouvrir celle que François Mauriac appelait « ce charmant petit monstre », avec Les Quatre Coins du cœur.