Maybe it’s better not to know
Le 20 juillet 2024
Figure mythique du cinéma fantastique, Jacques Tourneur questionne une nouvelle fois notre rapport à l’angoisse en nous prenant un rendez-vous privilégié avec la peur.
- Réalisateur : Jacques Tourneur
- Acteurs : Dana Andrews, Maurice Denham, Niall MacGinnis, Peggy Cummins, Athene Seyler
- Genre : Fantastique, Noir et blanc
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h23mn
- Reprise: 31 mars 2004
- Titre original : Night of the Demon
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– Année de production : 1957
Résumé : Le docteur John Holden, un savant américain, se rend à Londres afin de mener son enquête sur la mort de son collègue, le professeur Harrington. Ce dernier avait fait part de ses soupçons sur le docteur Karswell qu’il pensait lié à des forces démoniaques. Holden se rend vite compte que ces doutes n’étaient pas anodins.
Critique : Plus d’un demi-siècle après sa sortie, Rendez-vous avec la peur demeure un produit culte du cinéma fantastique. Ce film que l’on doit à Jacques Tourneur, metteur en scène incontournable du genre et auteur de pépites comme L’homme-léopard, Vaudou ou encore La malédiction des hommes-chats, distille les codes du réalisateur dans une spirale horrifique. Avec la dextérité d’un marionnettiste, le cinéaste se livre à un exercice de suggestion visuelle dont l’imagination du spectateur est l’épine dorsale.
Il serait fort mal avisé d’omettre de préciser que les seules fautes de goût du long-métrage, dérogeant à la méthode allusive de Tourneur, incombent aux producteurs. Ainsi, les scènes additionnelles montrant la grotesque gueule d’un démon en carton-pâte, ne sont pas du ressort du cinéaste. Cette grossière erreur de calcul affadit le propos de Rendez-vous avec la peur, qui aurait été sans cela un monument cinématographique sur les thèmes de la démonologie et de l’autosuggestion.
Des mégalithes de Stonehenge aux ténèbres d’une inquiétante forêt, le climat d’angoisse qui règne tout au long du film doit autant à la sublime musique de Clifton Parker qu’à la photographie magistrale d’Edward Scaife. Les jeux d’ombres, les scènes de nuit tournées dans les bois, le travail raffiné du noir et blanc sont les rouages d’une mécanique de la peur qui mêle polar et fantastique. Tiré d’une nouvelle d’un auteur anglais, Montague R. James, intitulée « Casting the runes », Rendez-vous avec la peur engendre une atmosphère accablante dont l’on ne saurait s’extraire. Les scènes d’effroi se succèdent sans relâche sans se ressembler jamais : une tempête brutale qui se lève sans crier gare, une session de spiritisme, une main sur une rambarde, une séance d’hypnose...
En métamorphosant un cartésien en croyant superstitieux, Jacques Tourneur laisse transparaître sa volonté de voir sa foi en l’occulte reconnue. Serions-nous tous d’incrédules benêts comme l’apôtre Thomas qui exigea de toucher les plaies du Christ avant d’en admettre la simple d’existence ? Ou bien, comme le professe le personnage de Dana Andrews, vaut-il mieux ignorer certaines choses, surtout celles qui grouillent dans l’ombre ?
LE COFFRET COLLECTOR BLU-RAY + DVD + LIVRE :
Une édition correcte sur le plan technique, qui trouve sa valeur dans le livre de Michael Henry Wilson, illustré de photos et documents d’archive rares .
Les suppléments :
Le Blu-ray restauré propose les deux versions du film de Jacques Tourneur. La version originale (95 minutes), sortie en Grande-Bretagne sous le titre Night of the Demon, et la version courte (82 minutes) parue aux États-Unis sous l’intitulé Curse of the Demon. En tous points meilleure, l’édition britannique brille par son montage judicieux et avisé.
Le versant crépusculaire, le livre de Michael Henry Wilson présent dans le coffret, est une petite merveille. Les photos sont sublimes, les anecdotes juteuses et sa composition est sensée et instructive. Un bonheur.
L’image :
Le film a été fort correctement restauré, les profondeurs de champ sont mises en valeur dans les deux éditions. Si le noir et blanc ne s’avère pas aussi étincelant que celui auquel on aurait pu s’attendre, il fait malgré tout honneur au travail de Jacques Tourneur et Edward Scaife.
Le son :
La piste sonore la plus efficace reste la version originale en DTS Mono d’origine 2.0. Il est possible d’émettre quelques réserves quant au mixage alloué à la version française ; le doublage se révèle quant à lui tout à fait louable.
– Sortie du Blu-ray : 27 novembre 2013
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