Le 15 février 2019
- Scénariste : Anabel Colazo
- Dessinateur : Anabel Colazo
- Genre : Ésotérique
- Famille : Roman graphique
- Editeur : Éditions çà et là
- Festival : Angoulême 2019
Avec Proches rencontres, Anabel Colazo livre une bande dessinée maîtrisée qui plonge son lecteur dans l’univers intrigant du paranormal. Avoir Alire est allé à sa rencontre.
Résumé : Entretien avec Anabel Colazo, autrice de Proches rencontres, plonge son lecteur dans l’univers intrigant du paranormal.
Nous avons rencontré Anabel Colazo lors du festival de la bande dessinée d’Angoulême, où elle se rendait pour la première fois. Proches rencontres est sa première bande dessinée traduite en français. En une centaine de pages, la jeune autrice nous plonge dans l’univers du paranormal à travers l’expérience de Daniel. Alors qu’il se rend chez ses parents, Daniel est victime d’un accident de la route après avoir aperçu une figure étrange. Le jeune homme se retrouve coincé trois jour dans le village d’El Cruce, un endroit connu des amateurs de phénomènes paranormaux. Curieux, Daniel cherche à en savoir davantage sur ces phénomènes, et va lui-même faire l’expérience du paranormal.
Est-ce que tu peux revenir sur ton parcours dans la bande dessinée ?
J’ai rejoint un club de bande dessinée lorsque j’étais aux Beaux-Arts de Valence. Je n’avais jamais fait de bande dessinée avant d’entrer dans ce club. Ensemble, on a réalisé plusieurs fanzines. Nous avons créé à quatre le fanzine Nimio lorsque nous étions en 4e année aux Beaux-Arts. Le fanzine a duré deux ans. On s’était inspiré de Cartoon Network pour les graphismes, mais on s’adressait aux adultes. Nimio a gagné le prix du meilleur fanzine au salon de bande dessinée de Barcelone. Le dernier numéro de Nimio a été publié par La Cúpula [qui est l’éditeur espagnol de Proches rencontres]. Plusieurs auteurs espagnols importants ont participé à ce numéro, comme Alvaro Ortiz [dont plusieurs livres, comme Cendres et Deux hollandais à Naples, ont été traduites en français chez Rackham].
Grâce au succès de Nimio, j’ai pu publié ma première bande dessinée, El cristal imposible [Le cristal impossible] chez La Cúpula, une histoire courte de 50 pages tirée de mon projet de fin d’études. C’est un conte fantastique, inspiré de Pimo & Rex [bande dessinée de Thomas Wellmann non-traduite en français].
D’où te vient cet intérêt pour le paranormal ?
J’écoutais énormément la radio quand je dessinais pour Nimio, notamment une émission, appelée Millenio 3, qui existe depuis très longtemps en Espagne et qui traite du paranormal. Les histoires racontées dans l’émission m’ont beaucoup inspiré. J’ai revu le film Signal au même moment : c’est un film qui m’avait traumatisée quand j’étais petite, si bien que j’ai longtemps évité tout ce qui se rapportait aux Aliens. Après ça, j’ai regardé X-Files, une série qui m’a passionnée : j’ai vu tous les épisodes en deux semaines !
J’ai pensé à l’histoire de Proches rencontres immédiatement après El cristal imposible. Le paranormal me paraissait être un bon thème pour construire une histoire entre réalité et fiction, en racontant l’aventure d’une personne qui a vécu une expérience étrange qui lui paraît bien réelle mais qui apparaît comme une fiction quand il la raconte à quelqu’un d’autre.
La rencontre de Daniel avec une étrange créature (à moins que cela ne soit une vision ?) bouleverse son destin - ©Anabel Colazo - éditions çà et là
Tu t’intéresses à un sujet, l’ufologie, qui semble être moins à la mode aujourd’hui qu’autrefois. Tu penses qu’il y aura un retour en force du thème extraterrestre ?
C’est un grand débat !
En fait, les années 2000 sont passées, et alors que certains prédisaient le chaos, il ne s’est rien passé. Beaucoup de scientifiques sont sceptiques aujourd’hui sur les OVNI. Il y a encore beaucoup de gens qui s’intéressent à cette question, mais, contrairement aux années 1950 – 1980, ce ne sont plus des scientifiques. Les scientifiques se sont désintéressés de ce sujet car on ne peut pas expliquer rationnellement le phénomène OVNI, qui est par essence inexplicable.
Je trouve que ton histoire vulgarise des savoirs sur l’ufologie, notamment lors du dialogue entre Barry l’étranger et Daniel. Est-ce que c’était ton souhait en faisant cette bande dessinée ?
Pas vraiment. En fait, Barry est une caricature du mec qui dédie toute sa vie au phénomène extraterrestre. C’est un personnage inspiré d’un personnage d’X-Files, Max. Au contraire, Daniel est la personne normale qui est confrontée par hasard au paranormal.
Finalement, l’album affirme que la question extraterrestre dépasse notre compréhension. Est-ce que ce n’est pas un peu frustrant pour l’esprit humain ?
Les journalistes qui ont mené des investigations sur ce sujet pendant des décennies ont tous senti qu’ils ne pouvaient pas apporter de réponses définitives. Certain ont recompilé les faits en recensant de nombreux phénomènes, mais sans parvenir à découvrir une vérité. L’un des principaux penseurs de l’ufologie, John Keel [Anabel Colazo dresse revient brièvement sur l’ufologie et notamment sur ce personnage dans une note en fin de volume], est arrivé à la conclusion qu’il allait devenir fou si jamais il parvenait un jour à découvrir ce qui se tramait au-delà des faits qu’il avait recompilé. Il a fini par espérer que l’on ne découvre jamais la vérité.
Est-ce que c’est toi la jeune femme qui interroge Daniel et mène l’enquête à la fin de l’album ?
C’est possible que ce soit moi, mais je ne l’ai pas fait exprès. Je voulais que ce soit une jeune adulte classique.
Le témoignage de Daniel est recueilli par une jeune femme qui s’intéresse de près à l’ufologie - ©Anabel Colazo - éditions çà et là
Est-ce que ton histoire part d’un fait divers connu en Espagne ?
Non, j’ai inventé cette histoire, mais je reprends un schéma qui se répète souvent dans les événements paranormaux.
Tu as opté pour un dessin très simple pour cet album alors que tu disposes une palette graphique très riche. Pour quelle raison ?
Tout simplement parce que c’était ma manière de dessiner quand j’ai réalisé cet album. C’était mon style à ce moment-là. Je ne savais pas colorier à cette époque. J’ai réalisé les dessins à la plume, comme les mangakas. Ce fut ma première et ce sera ma dernière expérience de dessin à la plume, car c’est un instrument très sale ! Aujourd’hui, je dessine mes bandes dessinées au stylo.
Est-ce que tu lis beaucoup de bandes dessinées ? Est-ce qu’il y a des auteurs espagnols que tu affectionnes particulièrement ?
Je lis essentiellement des mangas. J’apprécie particulièrement les livres de Taiyo Matsumoto et Fumiyo Kouno. En Espagne, je lis essentiellement les livres de mes amis, qui sont à peu près tous des auteurs de bande dessinée ! Je pense notamment à Nuria Tamarit – qui va publier en France – et Xulia Vicente, qui ont publié en Espagne chez La Cúpula, notamment Duerme Pueblo
Sinon en Espagne, les éditeurs publient beaucoup, mais les Espagnols lisent assez peu, et très peu parmi ceux qui lisent s’intéressent à la bande dessinée. Je trouve cela triste car je pense que l’Espagne dispose de bons dessinateurs.
Est-ce que tu as d’autres projets d’album ?
Je suis en train de mettre en couleur un nouvel album, mais je ne sais pas quand elle sera publiée. Cette histoire traite aussi de paranormal, mais elle s’adressera à un public plus jeune.
114 pages - 12€
Galerie photos
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