Le 20 décembre 2020
Un gamin trouvé est repoussé par une petite communauté de la banlieue de Tokyo, avant d’être recueilli par une veuve, bon gré mal gré. Le sous-titre "Chronique de gens ordinaires" de ce film typique du style inimitable d’Ozu, pourrait convenir à l’ensemble de son œuvre magistrale.
- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Acteurs : Chishū Ryū, Chōko Iida, Takeshi Sakamoto, Mitsuko Yoshikawa, Eitarō Ozawa (Sakae Ozawa), Taiji Tonoyama
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h12mn
- Titre original : Nagaya shinshitoku
- Date de sortie : 8 novembre 2023
- Festival : Festival de Cannes 2023
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– Festival de Cannes 2023 : sélection officielle, Cannes Classics
– Année de production : 1947
Résumé : Un soir, un ouvrier (Chishū Ryū) rentre chez son père (Reichiki Kawamura) avec un gamin trouvé, Kohei (Hohi Aoki). Le père, acariâtre, ne voulant pas le garder, va le placer d’autorité chez Tané (Chõko Lida), une veuve renfrognée surnommée "le bouledogue".
Critique : Le sous-titre du long métrage pourrait convenir à l’ensemble de l’œuvre du cinéaste japonais. Tous ses films parlent de gens simples, qui vivent des situations tout à fait ordinaires, sur qui il porte un regard doux et bienveillant, lui donnant ainsi une forme poétique. Le cinéma d’Ozu développe une petite musique unique immédiatement reconnaissable
En 1947, il revenait au cinéma, après cinq ans d’interruption due à la guerre. S’il n’en parle pas directement, plusieurs éléments ou indices en montrent les conséquences : pauvreté accrue, difficultés à se procurer certains produits, accroissement du nombre d’orphelins...
Sur un ton doux-amer, le film suit le terrible parcours de Kohei, ce garçonnet plutôt taiseux, dont on ne sait, au début, si son veuf de père l’a perdu ou abandonné. Les membres de la petite communauté de cette banlieue de Tokyo ne se battent pas pour le recueillir, ne se gênant pas pour proférer des paroles déplacées et désobligeantes devant le gamin, comme "de toute façon, je n’aime pas les enfants". C’est un tirage au sort, avec tricherie, qui va désigner la veuve, Tané. Elle n’y verra que du feu. Celle-ci, contrariée, ne va pas se gêner pour bousculer Kohei et l’humilier, parce qu’il n’est pas encore propre la nuit.
Seulement, petit à petit, Tané va s’attacher à ce drôle de petit bonhomme, sous la caméra attentive d’Ozu.
Plusieurs scènes touchantes, tristes et gaies, émaillent le film : la rencontre des copropriétaires qui finit en chanson autour d’un saké, le drap exposé à l’extérieur pour que le gosse le sèche, le "vol" de friandises maison, mises à sécher devant celle-ci, la visite du zoo ou encore la séance photo.
Adepte du plan fixe, de plus en plus à hauteur de tatami, ce qui deviendra une marque de fabrique dans la suite de sa carrière, le cinéaste amène une poésie ancrée dans une dure réalité, mais toujours dénuée de violence, ne portant aucun jugement.
Si le ton léger du début du film change peu à peu, les dernières minutes sont, quant à elles, tout à fait poignantes.
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