Rebels . La naissance du rêve - La chronique BD

Seth Abott est un Green Mountain Boy, un forestier menant des opérations contre les régiments de New-York et de Sa Majesté le roi George. A travers sa vie, Brian Wood nous plonge et se replonge corps et âme dans la Guerre d’Indépendance du Vermont. Peu à peu, celle-ci touchera les treize colonies, toutes touchées par les injustices commises par l’Angleterre. Tous les habitants du Vermont sont touchés : Seth, le fil conducteur de l’histoire mais aussi les esclaves, les Indiens, les femmes (de) soldat et bien sûr les Anglais.

C’est donc en empruntant plusieurs voix que Wilson mène son récit, tambour battant, en creusant ses personnages pour mieux interroger les valeurs fondamentales des États-Unis. A travers leurs destinées se joue le sort d’une nation toute entière et c’est bien cette métonymie qui articule ce Rebels, manifeste choral au service tout entier d’une vision complexe de la Guerre. Car il s’agit bien d’une guerre, aux acteurs jamais manichéens. Ceux que l’on enrôle de force, ceux qui la font car ils pensent être indispensables à la victoire, celles qui suivent leurs hommes ou se rebellent.... Le récit de Seth est particulièrement poignant car c’est lui que Wilson ausculte le plus tout en gardant la pudeur et la distance nécessaire pour laisser toute la place à la Guerre, véritable fil rouge de l’histoire.

Le trait est précis, l’ambiance du combat est particulièrement bien retranscrite et le dessin de ce collectif mené par Andrea Mutti sent bon la poudre à canon. Parfois les visages ne sont plus reconnaissables, comme le veut la violence du conflit certainement. Mais le souffle qui règne sur ce Rebels est bien celui d’un enfant du Vermont qui incarne un fantasme pour mieux partir sur les traces d’un passé sanglant, obscur et illustre à la fois.