Le 29 mars 2024
L’un des meilleurs films policiers français des années 50, bien servi par une mise en scène inspirée de Pierre Chenal, ainsi que l’interprétation de Charles Vanel et Michel Piccoli.
- Réalisateur : Pierre Chenal
- Acteurs : Michel Piccoli, Charles Vanel, Jean Brochard, Marcel Mouloudji, Gina Manès, Bella Darvi, Albert Rémy, Daniel Mendaille, François Guérin, Georges Vitray, Georges Douking, Danik Patisson, Marcel Lupovici , Gaby Basset, Lucien Raimbourg
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films Corona
- Editeur vidéo : DVD Vidéo
- Durée : 1h22mn
- Date télé : 16 octobre 2024 19:30
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Date de sortie : 15 janvier 1958
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Résumé : Après la mort d’un collègue et ami lors de l’évasion d’un truand dit « Le Fondu », l’inspecteur Vardier a juré de le venger. Pour cela, il va utiliser le neveu du Fondu dit « Le Niçois », un petit proxénète, et sa maîtresse Cri-Cri, danseuse dans un cabaret.
Critique : Rafles sur la ville fait partie des grandes réussites de Pierre Chenal (1904-1990), réalisateur encore trop méconnu, à qui l’on doit notamment deux excellentes adaptations : L’Homme de nulle part (1936), d’après Feu Mathias Pascal de Pirandello ; et Le dernier tournant (1939), transposition magistrale du Facteur sonne toujours deux fois de James M. Cain. Le cinéaste n’eut pas de chance. La critique et le public passèrent à côté de ses meilleurs films, et Chenal dut accepter des commandes non révélatrices de son talent. Avec Rafles sur la ville, il signe l’un des meilleurs polars français des années 50, dans une décennie qui en vit fleurir beaucoup. L’œuvre est tirée d’un polar d’Auguste Le Breton. Quatre des romans de l’écrivain avaient déjà été adaptés pour le cinéma, et le romancier lui-même participa a l’écriture et aux dialogues de Bob le flambeur (1956) de Jean-Pierre Melville. Le récit de Rafles sur la ville peut certes paraître convenu, avec son intrigue policière assurant le minimal syndical, et ses personnages stéréotypés que l’on avait croisés dans maintes bandes policières produites à la chaîne : le patriarche à qui on ne la fait plus, le flic qui agit par sens de l’honneur plus que par intégrité professionnelle, la vamp par qui le malheur arrive, et toute une faune d’indicateurs ou de tapineuses faisant partie du folklore de Montmartre et Pigalle. On sourit aussi face à des invraisemblances grossières, de l’évasion du « Fondu » à sa réapparition dans un cabaret bondé de Montmartre, caché par de simples lunettes noires, et ce pour régler une affaire de cœur, alors qu’il est cerné par toute la police parisienne. Ce sont les raisons pour lesquelles le métrage a longtemps été jugé mineur, à la fois par les admirateurs d’une « qualité française » qui le jugèrent à peine un cran au-dessus du commercial La Môme vert-de-gris ; et par les admirateurs de la Nouvelle Vague, qui n’y virent que conventions d’un cinéma de scénariste et de studio dépassé. Ce malentendu a depuis été dissipé, et Rafles sur la ville frappe par ses audaces narratives qui ne sauraient être assimilées à des astuces scénaristiques, et par une rigueur de mise en scène qui n’est en rien de l’académisme. Pour le premier aspect, on admirera la figure ambigüe du personnage de Vardier, dont le cynisme (envers les malfrats arrêtés, ses collègues, les femmes qu’il côtoie) le rend peu sympathique aux yeux du public, même quand il tente de se racheter par un geste sacrificiel. Chenal se permet en outre une troublante digression romanesque, avec l’idylle entre l’inspecteur Vardier et l’épouse de son nouveau coéquipier, qui offre au récit une curieuse rupture de ton. Mais c’est surtout par son style que Rafles sur la ville s’impose, avec une démarche semi-documentaire teintée d’atmosphère expressionniste nocturne (le meurtre de Mouloudji), dans la lignée des réussites de films noirs hollywoodiens signés Delmer Daves ou Jules Dassin. Michel Piccoli et Charles Vanel sont extraordinaires dans les deux rôles principaux du flic et du vieux voyou, et une autre singularité du film est de ne jamais les faire apparaître dans la même scène. C’est après l’avoir vu dans ce rôle que Godard proposa à Piccoli d’incarner le metteur en scène dans Le mépris. Mais le reste du casting mérite aussi l’attention, de la somptueuse Bella Darvi en femme fatale, à la piquante Danik Patisson, en passant Jean Brochard en commissaire bourru ou Gina Manès et Marie Glory, ex-gloires du muet bénéficiant de courtes mais mémorables scènes.
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