Qui de nous deux

Du rose, du flash, des cœurs, M à l’air heureux. Il peut l’être. Après deux albums bestsellers, un double live frisant l’excellence et un public conquis d’avance, le petit Mathieu est devenu grand. Ce "fils de", né sur une console de mixage, avait une autoroute devant lui pour faire son chemin. Au lieu de choisir la facilité, Mathieu Chedid décide de tuer son patronyme et de se créer un double fantasmagorique, doux rêveur un peu fou, habillé en fringue de fripes, un "M" gominé sur le crâne.

Pour préparer la sortie événement de ce mois, M n’a pas fait dans la demi-mesure. Après la compilation "fond de tiroir" Labo M parue en avril et la chanson phare du film d’animation Les triplettes de Belleville, il nous gratifie d’un nouveau site internet pour nous donner l’eau à la bouche (www.qui2nous2.com).

Et voilà, après quatre longues années, le nouveau M arrive enfin dans les bacs. Et les questions n’arrêtent pas de fuser. La seule chose évidente, c’est que Qui de nous deux est une réussite. Avec quinze morceaux, M ne fait pas sa fine bouche et se livre tout entier. En variant ses influences, (le funk est toujours là, mais les musiques latines viennent aussi se mêler aux rythmiques rock et soul), M arrive une fois de plus à nous surprendre. Le son de l’enregistrement, lui aussi, étonne. Les défauts de Je dis M, sont ici balayés. Mathieu Chedid a compris qu’une production trop propre et trop soignée nuisait à son talent. Sans rendre inutilement crade son travail, il réussit à modeler cet album à l’image de son live. Laissant une belle place à l’improvisation, au délire et à l’instinct.

Avec Qui de nous deux, nous acceptons une fois encore son invitation à pénétrer dans son univers. Tout en restant un éternel adolescent, le jeune homme de trente-deux ans ne cesse de grandir artistiquement. Synthèse excentrique de Sgt Pepper, The Jimi Hendrix Experience et Ziggy Stardust, M nous prouve qu’il est un artiste unique, alternative essentielle aux Bruni-Delerm.