Le 27 octobre 2020


- Scénariste : Sztybor>
- Dessinateur : Akeussel
- Genre : Drame, Chronique sociale
- Editeur : Sarbacane
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 7 octobre 2020
Petite virée urbaine et petites frappes en déveine.
Résumé : Rahim vit avec sa grand –mère, qui le considère comme un gentil garçon. Lui se voit déjà parmi l’élite des trafiquants de son quartier, et même si ses amis essaient de le ramener sur terre, il râle quand il voit un autre de son âge commencer à prendre du galon et avoir du succès. Alors pour montrer à tout le monde qu’il en a dans le ventre, il va chercher à faire un sale coup…
Dans ce roman graphique où les formes n’ont pas d’importance mais les apparences sont tout, il y a une montée en puissance que l’on sent évidemment venir, mais qui fait tout de même mal au final. La violence des quartiers, l’impossibilité de s’échapper ou d’échapper, tout ce relent sociologique qui habite certaines zones urbaines (ici en Belgique), tout finit par éclater et la petite boule au ventre arrive.
Rahim est un personnage d’une fable de notre temps qui semble pouvoir revenir à l’infini, et le format des chapitres, la vivacité des échanges ne fait que confirmer que malgré la rapidité de sa chute, il est condamné à vivre éternellement la même histoire. Pourtant, les personnages secondaires étaient plus qu’attachants, et voir certains dériver au même titre que Rahim fait tout aussi mal au cœur, signe d’une histoire qui sait toucher en de multiples endroits.
Akeussel, Sztybor / Sarbacane
Akeussel prend le pari d’un personnage à la petite tête, sorte de Sid le scientifique qui aurait croisé un Kaminien de Star Wars, pour personnage principal. Forcément, le charisme en prend un coup, mais s’il avait du charisme, Rahim n’aurait pas été le héros de cette courte histoire. Autour de lui, gravitent des personnages que l’on soupçonne d’être caricaturaux au premier abord, comme ce gros garçon blond et cette fille garçon manqué, mais en vérité ils se révèlent assez uniques, là encore grâce aux traits épurés du dessinateur. Le reste, appartements, voitures et canapés sont découpés par des lignes assez floues, jamais vraiment droites, comme un crayonné qui viendrait ébaucher un décor qui pourrait être n’importe lequel.
Akeussel, Sztybor / Sarbacane
Tragédie masquée sous une fragile couche d’humour, Que de la gueule a de sacrés arguments graphiques et scénaristiques pour une fable urbaine qui, sans se prendre au sérieux, met une belle claque… dans la gueule.
128 pages - 18,50 €