Le 1er octobre 2024
Sans doute pas le meilleur des Ozon, mais tout de même un spectacle entre le policier et le drame familial qui n’est pas désagréable à regarder.
- Réalisateur : François Ozon
- Acteurs : Ludivine Sagnier, Josiane Balasko, Malik Zidi, Hélène Vincent, Sophie Guillemin, Sidiki Bakaba, Pierre Lottin, Vincent Colombe, Paul Beaurepaire
- Genre : Comédie dramatique, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h42mn
- Date de sortie : 2 octobre 2024
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Résumé : Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. À la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.
Critique : François Ozon court d’un projet à l’autre, au point d’offrir aux spectateurs quasiment un film par an. Le réalisateur prolifique ne manque pas d’idées, et surtout d’audace pour faire tourner les plus grands acteurs. S’il s’entoure de nouveau de Ludivine Sagnier, il met en scène ici deux grandes comédiennes, Josiane Balasko et Hélène Vincent, dans la peau de deux dames âgées, qui passent leur retraite dans un village paisible et que le passé commun rattrape dans une histoire de champignons toxiques et de morts suspectes.
François Ozon est un réalisateur dont les films bien huilés révèlent une mécanique parfaite. Sauf qu’à force de raconter des histoires dans une certaine urgence, le propos finit pas se faner doucement et se couler dans une tonalité plutôt ronronnante. Car ce récit, où se succèdent les disparitions macabres, a perdu du rythme et de l’inventivité qu’on lui connaît. Le cinéaste ne peut pas s’empêcher de se détacher de son regard parisien, ce qui donne à cette campagne automnale des airs champêtres, pour ne pas dire assez stéréotypés. De même, il ne peut pas résister à introduire des garçons ou des hommes, sinon clairement homosexuels, ou qui se cherchent une identité secrète dans des escapades nocturnes où les couples d’un soir se font et se défont.
Bref, Ozon fait encore du Ozon, et c’est heureux, mais cette fois avec un petit risque d’épuisement de la narration. Et pourtant, on ne peut pas affirmer que le long-métrage est ennuyeux. D’abord, on a grand plaisir à regarder Balasko et Vincent évoluer dans la peau de femmes qui assument leur vieillesse, à côté de comédiens plus juvéniles qui se fabriquent une personnalité. La sensualité n’est jamais loin dans les figures du voyou masculin, ou du jeune étudiant séduit pas la virilité de ce dernier.
- © 2024 FOZ / Diaphana Distribution. Tous droits réservés.
Il y a même un peu de mystère et de suspense dans cette histoire qui brasse les thématiques des conflits entre mère et fille, du repentir d’un homme récemment condamné, et du harcèlement scolaire d’un môme qui hérite du passé de ses aînés. Hélas, le film emprunte trop de sujets pour ne pas perdre ses spectateurs dans une narration qui frôle un peu la complaisance. L’histoire accumule les morts, au point de rendre le propos presque invraisemblable, faisant passer la police pour un service d’incapables en dehors d’une jeune enquêtrice aux méthodes originales.
Quand vient l’automne est loin d’être le meilleur des films d’Ozon. On se souvient encore de Mon crime qui empruntait aussi la forme policière, mais dans un esprit enjoué et lumineux. L’inspiration semble ici plus en berne, comme si le cinéaste lui-même ne croyait pas vraiment à ces histoires de champignons, de suicides déguisés et de cancers affreux. Le récit déroule toutes les formes de mortalité à la manière d’un bestiaire dont on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer.
- © 2024 FOZ / Diaphana Distribution. Tous droits réservés.
On ne s’est pas ennuyé, c’est certain. En même temps, on ne sera pas passionné pour ces personnages féminins, pourtant magnifiquement interprétés par Vincent et Balasko. François Ozon demeure sans doute l’un des réalisateurs sachant le mieux filmer et mettre en scène des femmes, à travers des actrices qui n’ont plus à prouver leur immense talent.
Le spectateur aura apprécié les ressorts sombres des deux héroïnes, qui ramènent à la grande époque de la filmographie de François Ozon avec Huit femmes ou Potiche. On imagine d’ailleurs que Catherine Deneuve aurait adoré se fondre dans ces deux personnages. En tout cas, le réalisateur doit déjà être dans un nouveau projet qui viendra l’an prochain s’ajouter à son œuvre dense et inégale.
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