Putain de toi

Brassens est mort, il y a 25 ans. C’est toujours la même histoire avec les albums-hommages : se côtoient le très bon et l’exécrable. Putain de toi ne fait pas exception à la règle.

Coupons l’herbe sous les pieds des gouailleurs redresseur de torts : oui, la moitié de l’album nous est déjà connue, dix titres figuraient sur Les oiseaux de passage (2001), un album déjà consacré à Brassens. La pochette était beaucoup plus jolie, c’est vrai, mais ça ne fait pas tout, une pochette. Parmi les dix nouveaux titres, se trouvent des petites curiosités alléchantes qu’il aurait été dommage d’ignorer. Il en est ainsi de Stances à un cambrioleur reprise par Pauline Croze, ou encore de La cane de Jeanne de Dyonisos où le groupe réussit là où Olivia Ruiz échoue dans sa volonté d’associer rock attitude et respect de l’originale (ben oui, il ne suffit pas de mettre des guitares électriques et de reprendre un titre avec un gros mot dedans). Jehro se démarque aussi par une très belle version aux accents reggae d’une chanson particulièrement dure de Brassens : Les passantes. Et puis, et puis... il y a l’étonnante version en négatif du Roi par Noir Désir dans laquelle on ne reconnaît ni la voix de Bertrand Cantat, ni le style du groupe qui utilise des chœurs hérités de Love on the beat de Gainsbourg. Mais la plus belle reprise est signée par Tarmac, un jet tout en finesse et en mélancolie de La ballade des gens qui sont nés quelque part qui figurait déjà sur Les oiseaux... Le pire est à venir et il est l’œuvre de Juliette : un dérapage mièvre, faussement jazz, criard à tourner le bouton volume vers off. Dérapage regrettable suivi de près par Yuri Buenaventura qui a fait de Dans l’eau de la claire fontaine une salsa sans saveur et écoeurante. Restent les autres, ceux qui ont souhaité rester fidèle ou non et dont l’hommage n’est ni marquant, ni dérangeant. Le plus représentatif de cette mouvance est certainement Bénabar, tant cette attitude de transparence lui est propre. Vous l’aurez compris Putain de toi est un patchwork sympathique que l’on pourrait situer entre l’excellent Avec Léo (hommage à Léo Férré) et le raté Au suivant (hommage à Jacques Brel).