Le 6 mai 2021
- Dessinateur : Zehra Dogan
- Genre : Autobiographie, Document, Roman graphique
- Editeur : Delcourt
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 17 mars 2021
Carnet de détention d’une prisonnière kurde dans les geôles de Turquie
Résumé : Zehra Dogan est une journaliste, dessinatrice, qui a comme beaucoup d’hommes et de femmes de son peuple, subi les arrestations, condamnations et emprisonnements express du régime turc. Dans la prison n°5 de Diyarbakir, grâce à du papier à lettres qu’elle reçoit, griffonne au dos et renvoie clandestinement, elle a pu établir des notes et les transmet donc au monde.
Co-fondatrice d’une agence d’information féministe kurde, artiste engagée, journaliste indépendante, forcément Zehra, par son courage et sa persévérance, est un modèle. Distinguée dans le monde entier (mais pas vraiment en France), ses écrits et sa voix dénoncent sans relâche l’oppression que subit son peuple. Ici, c’est son journal de bord dans un milieu carcéral, un morceau d’Histoire en temps réel, un témoignage à vif de ce qu’endure de nombreuses femmes, jeunes ou vieilles, mères ou sœurs, qui tiennent tant bien que mal. Mais au-delà de quelques pages sur la routine d’un vrai Midnight Express, de la présentation de ses camarades, c’est surtout par les pages sur les martyrs et les torturé(e)s passées avant elle que l’album brille et glace tout à la fois. Brillant parce qu’il donne des noms, des dates, des évènements, qui semblent sans cesse se répéter, et glaçant parce que les horreurs décrites ont ce goût de vrai, de réel, de proche aussi.
Zehra Dogan / Delcourt
Le dessin est tout aussi glaçant et saisissant : on comprend bien qu’avec si peu de matériel, la finition n’est pas à l’ordre du jour. Et pourtant, chaque page est construite, il n’y a pas de digressions, et peu à peu on se fait même aux visages qui reviennent. Pourtant, avec ces scènes de violences incessantes, de destins et de corps brisés, c’est un dessin brutal comme son sujet qui finit par l’emporter, rendant l’ouvrage pénible à feuilleter, mais essentiel à connaître. Comme d’ailleurs toute bonne information journalistique, celle qui dérange mais qui est parfaitement documentée, et qui permet donc d’avancer au-delà de sa froideur et de sa violence.
Zehra Dogan / Delcourt
Dans ces cent vingt pages de souffrances et de témoignages, Zehra Dogan fait coup double, livrant une bande dessinée qui serait un reportage journalistique au plus près de la prison, sorte d’Albert Londres qui n’aurait pas choisi d’être enfermée.
120 pages - 24,95€
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Galerie photos
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