La voix des anges
Le 10 mai 2005
Les Mémoires fictives d’un castrat pour une promenade flamboyante dans le XVIIIe siècle napolitain.
- Auteur : Dominique Fernandez
- Editeur : Grasset
- Genre : Roman & fiction
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Les castrats ont sombré dans l’oubli de l’histoire. Dominique Fernandez leur a redonné voix au chapitre avec son magistral Porporino ou les mystères de Naples, prix Médicis en 1974 et réédité par Grasset pour notre plus grand plaisir.
Haendel, Gluck et Mozart ont écrit pour eux quelques rôles titres parmi les plus importants de leurs répertoires. Ils étaient adulés telles des divas et leurs faits et gestes alimentaient les ragots de salon. Mais surtout leur voix bouleversait les mélomanes tandis que leur sexualité n’avait de cesse d’intriguer les plus curieux. Les castrats, ces chanteurs mutilés avant leur puberté afin de conserver la tessiture propre à la période enfantine, ont sombré dans l’oubli dès le XIXe siècle après qu’un pape avait interdit le principe de castration à la fin du XVIIIe. Dominique Fernandez leur a redonné vie sous les traits de son Porporino.
Ce castrat imaginé par l’écrivain couche sur le papier ses souvenirs alors qu’il achève sa carrière musicale au service du Landgrave de Heidelberg. Il se remémore son enfance paysanne dans les terres pauvres du Mezzogiorno ; puis son adolescence et son apprentissage musical et mondain à la cour du roi Ferdinand à Naples, une fois la castration opérée. Porporino a vécu en effet les dernières années fastueuses de l’opéra napolitain avant que les castrats disparaissent dans une Europe bientôt en pleine tourmente.
Prétexte pour Dominique Fernandez de raconter le quotidien des castrats de l’opéra napolitain mais aussi de faire revivre de manière tant magistrale que vivante cette époque fastueuse que fut le XVIIIe siècle pour Naples.
Rendez-vous des amateurs d’art et des esprits éclairés, la cité concurrençait en ce temps-là Paris et se pavanait du haut de ses édifices baroques. Le vieux Casanova se remémorait ses dernières amours tandis que Léopold Mozart exhibait son petit génie de fils. Les princes mécènes de l’âge baroque se mêlaient de donner leur avis aux artistes tandis que les aventurières comme Sarah Goudar lançaient des œillades au roi en personne.
Autant de personnages véridiques qui défilent au cours de cette autobiographie imaginaire et pourtant si vivante. Car c’est avant tout dans la ville, ses palais et ses ruelles que nous transporte avec un art consommé Dominique Fernandez tout en nous faisant méditer sur les limites de l’identité et les saveurs offertes par l’indéfini, quitte à ne jamais quitter le statut de l’enfance. Une promenade brillante et aussi flamboyante qu’un air baroque.
Dominique Fernandez, Porporino ou les mystères de Naples Grasset, coll. "Cahiers rouges", 2005, 489 pages, 12,20 €
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