Le 28 avril 2024
Le meilleur film de Christophe Honoré, dont l’art s’est dépouillé tout en distillant un discret lyrisme. Vincent Lascoste et Pierre Deladonchamps sont excellents.
- Réalisateur : Christophe Honoré
- Acteurs : Denis Podalydès, Vincent Lacoste, Sophie Letourneur, Clément Métayer, Pierre Deladonchamps, Adèle Wismes, Quentin Thébault
- Genre : Drame, Comédie dramatique, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Editeur vidéo : Ad Vitam vidéo
- Durée : 2h12mn
- Date télé : 1er décembre 2021 20:55
- Chaîne : Arte
- Box-office : 206 293 entrées France / 85 568 entrées P.P.
- Date de sortie : 9 mai 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018
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Résumé : 1990. Arthur a vingt ans et il est étudiant à Rennes. Sa vie bascule le jour où il rencontre Jacques, un écrivain qui habite à Paris avec son jeune fils. Le temps d’un été, Arthur et Jacques vont se plaire et s’aimer. Mais cet amour, Jacques sait qu’il faut le vivre vite.
Critique : Onze ans après Les chansons d’amour, Christophe Honoré revient en compétition officielle pour une autre romance dramatique. Depuis 2007, le cinéaste est resté fidèle à son art tout en diversifiant ses projets. Qu’il se frotte à l’adaptation littéraire (La belle personne, d’après La Princesse de Clèves), à la chronique familiale (Les Biens-aimés), au film queer (Homme au bain) ou à l’essai d’avant-garde (Métamorphoses), il a montré qu’il était bien plus qu’un réalisateur branché pour nostalgiques de Demy et de la Nouvelle Vague. Tout comme François Ozon, auquel ses films font songer, Honoré a renoncé progressivement à ses coquetteries de style pour épurer sa mise en scène, qui a gagné en maturité. Plaire, aimer et courir vite est peut-être ce qu’il a fait de mieux. Le scénario nous transpose dans les années 90, décennie de libération pour la communauté gay, mais aussi de tragédie avec les ravages du sida alors à son apogée. Le film suit le parcours de deux hommes qui vont se rencontrer.
- Copyright Jean-Louis Fernandez / LFP- Les Films Pelléas - Gaumont - France 3
Jacques (Pierre Delandonchamps), trente-cinq ans, est un écrivain dont la carrière connaît un trou d’air, et qui se meurt du sida. Il partage sa vie entre son jeune fils dont il a la garde un jour sur deux, son fidèle ami Mathieu (Denis Podalydès), et Jean-Marie, un jeune amant pour lequel il éprouve de l’affection sans sentiment amoureux. Arthur (vingt-deux ans) est le jeune gérant d’un centre de loisirs en Bretagne. Il vient de rompre avec sa petite amie et multiplie les aventures sexuelles. Un jour, Jacques se déplace en Bretagne pour participer à un colloque culturel. Le coup de foudre entre les deux hommes est immédiat. La fusion des thèmes de l’amour et de la mort, sur fond de séropositivité, ne doit pas laisser croire que l’œuvre est une variation autour du sujet évoqué par Robin Campillo dans 120 battements par minute. Il ne s’agit pas non plus du mélodrame référentiel et lyrique que Paul Vecchiali avait assumé dans Corps à cœur.
Cette histoire d’amour trop brève, qui accorde une grande place aux dialogues, est d’abord une chronique intimiste en demi-teinte tout autant qu’un travail de mémoire pour Honoré : sans être autobiographique, le film évoque clairement sa jeunesse ; le personnage d’Arthur, souhaitant devenir cinéaste et s’installer à Paris, peut être considéré comme son double et son porte-parole, par son désir de croire en la possibilité de la passion en dépit des barrières médicales, sociales ou générationnelles. Et le métrage se présente comme un hommage sincère et émouvant à une génération d’artistes sacrifiés, évoquant à demi-mots les livres que n’a pas écrit Hervé Guibert, les pièces dont nous a privé Bernard-Henri Koltès, ou les analyses cinématographiques qui n’ont pas été publiées par Serge Daney.
- Copyright Jean-Louis Fernandez / LFP- Les Films Pelléas - Gaumont - France 3
Christophe Honoré a déclaré à ce sujet : « Aujourd’hui encore, je me sens inconsolé de la mort de gens que j’ai connus et de ceux que je n’ai pas connus mais que j’aurais rêvé de rencontrer, et qui continuent toujours à m’inspirer. Ils ont provoqué chez moi le désir de cinéma et de littérature, mais je n’ai jamais pu envisager sinon une transmission du moins une rencontre avec eux et, aujourd’hui, je le ressens toujours profondément comme un manque. Ce film n’est pas pour moi une manière de combler ce manque, peine perdue, mais de faire revivre ce manque de manière romanesque et de m’offrir par la fiction la possibilité d’une rencontre qui n’a pas eu lieu ». Le film est bien porté par ses acteurs. Denis Podalydès est excellent dans le rôle du bon ami aigri mais bienveillant, et Vincent Lacoste confirme après Hippocrate l’étendue de son registre. Quant à Pierre Deladonchamps, son jeu ne fait que gagner en profondeur depuis L’inconnu du lac qui l’avait révélé. Ils sont bien épaulés par de jeunes comédiens inspirés comme Clément Métayer et Quentin Thébault.
- Copyright Jean-Louis Fernandez / LFP- Les Films Pelléas - Gaumont - France 3
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