Le 22 mai 2024
Si l’hommage rendu aux deux monstres de cinéma que sont Deneuve et Mastroianni est une belle opportunité pour faire du cinéma, le film de Christophe Honoré se perd parfois dans un maniérisme hors sol.
- Réalisateur : Christophe Honoré
- Acteurs : Chiara Mastroianni, Fabrice Luchini, Catherine Deneuve, Nicole Garcia, Melvil Poupaud, Benjamin Biolay, Hugh Skinner
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 2h00mn
- Date de sortie : 22 mai 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, en compétition
Résumé : C’est l’histoire d’une femme qui s’appelle Chiara. Elle est actrice, elle est la fille de Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve et, le temps d’un été, chahutée dans sa propre vie, elle se raconte qu’elle devrait plutôt vivre la vie de son père. Elle s’habille désormais comme lui, parle comme lui, respire comme lui et elle le fait avec une telle force qu’autour d’elle, les autres finissent par y croire et se mettent à l’appeler « Marcello ».
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Critique : Quand Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Fabrice Lucchini, Melvil Poupaud, Benjamin Biolay et Nicole Garcia jouent leurs propres personnages, on est forcément fasciné. On s’imagine que leur maison filmée est vraiment la leur, et qu’ils se comportent de cette manière, ce qui les rend tout de suite plus proches du spectateur. Surtout quand Chiara Mastroianni, qui subit des apparitions nocturnes de son père, le grand Marcello, s’écrie à son compagnon (Biolay) qu’elle doit aller pisser. Cela devient plus gênant quand la comédienne et sa mère se plaignent à demi-mots de ne plus tourner et de ne plus intéresser les réalisateurs. Marcello Mio est donc un film au service du petit monde feutré et préservé d’un certain cinéma français, un entre-soi qui va évidemment subjuguer la presse française, par connivence avec les acteurs et le réalisateur.
- © 2024 Les Films Pelléas. Tous droits réservés.
Christophe Honoré fait un petit retour en arrière avec les souvenirs des Chansons d’amour où d’une part Chiara Mastroianni jouait déjà et surtout, chacun des acteurs accompagnait son jeu de chansons écrites par Alex Beaupain. Tout le récit est ainsi truffé de petites perles chantonnées, avec parfois Benjamin Biolay en accompagnement à la guitare ou au piano. C’est sans doute là que demeure l’intérêt véritable, à savoir la bande musicale où Daho est convié avec d’autres. Tout le reste ressemble à ce qu’on connaît des comédiens ; un jeu convenu, mesuré, où l’émotion ne parvient pas à percer vraiment.
Marcello mio raconte donc la transformation de Chiara dans les traits de son père, depuis qu’elle est hantée par ses apparitions dans ses rêves. Elle erre donc d’une salle de concert à un plateau de télévision en passant par des restaurants ou des bars, habillée d’un costume sombre et équipé de lunettes de soleil qui la font en tout point se confondre avec son père. Tous les proches de Chiara trouvent cela étrange, mais finissent par facilité de l’appeler Marcello et de rentrer dans son délire. On comprend bien que les problèmes identitaires de ces artistes du 5e arrondissement de Paris ne sont pas vraiment ceux de tout le monde. En tout cas, la comédienne trimballe sa figure triste de lieux en lieux, quand des amis comme Melvil Poupaud tentent désespérément de la faire revenir à la raison.
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La comédie peine toutefois à prendre. Il ne s’agit pas du tout d’un drame, mais le rire est difficile car peu de spectateurs pourront s’identifier à ces personnes qui fréquentent des hôtels luxueux en bord de mer ou commandent du poulpe puis, une fois le plat présenté, le rejettent immédiatement. Bien sûr, et c’est heureux, Catherine Deneuve, Fabrice Lucchini et les autres pratiquent l’autodérision avec un sens certain de l’humour. On imagine aisément que le tournage a dû être aussi drôle qu’émouvant pour les acteurs principaux, impliqués personnellement dans la relation qui les liait à Marcello Mastroianni.
Le film n’est pas désagréable à regarder. Il est hélas très loin des vagues émotionnelles auxquelles le cinéma de Christophe Honoré nous avait habitués. On ressort avec le sentiment d’une comédie légère, d’un film fabriqué dans un univers qui nous échappe, avec une pensée un peu lointaine pour les spectateurs qui vont le découvrir. Maintenant, l’hommage rendu à Marcello Mastroianni, et de surcroît à Catherine Deneuve, est magnifique et important. C’est une manière pour le réalisateur de plonger le spectateur dans cinquante ans de cinéma qui ont fait le bonheur et ému des millions de spectateurs.
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