Phantom power

En dix ans et six albums, les Super Furry Animals ont tout connu : des débuts difficiles, des comparaisons flatteuses, des succès commerciaux et des bides. Outre-Manche, ils occupent une place à part sur l’échiquier de la scène rock : aussi respectés qu’Oasis ou Blur, ils ne jouissent toutefois pas du même succès commercial, et pour cause : le groupe refuse la facilité, et paraît même prendre plaisir au contre-pied, publiant parfois des maxis quasi techno, ou enregistrant un album entièrement chanté en gallois. Et il va sans dire qu’ils sont inconnus du grand public en France, malgré le succès critique du gargantuesque et remarquable Rings Around The World (2001).

Alors, parmi les fans du groupe, on trouve deux catégories : ceux qui s’amusent de cette attitude anti-commerciale, et ceux qui pensent que les SFA devraient arrêter leurs pitreries pour embrasser enfin le succès qu’ils méritent. Je fais partie des seconds, et espère naïvement que Phantom Power changera la donne.

Malheureusement, ça commence mal : le groupe a décidé de sortir en single le poussif et pompeux Golden Retriever, qui rend de surcroît hommage au...gentil toutou bien connu. Horreur ! Damnation ! L’album regorge pourtant de symphonies pop lumineuses (Slow Life ou le grandaddyesque Hello Sunshine), de ballades complexes et raffinées (The Piccolo Snare, City Scape Sky Baby) et même de bombes power-pop comme Oasis n’en enregistrera jamais plus (Venus & Serena, en hommage aux sœurs Williams, ou Bleed Forever, en hommage aux frères Gallagher ?).

Ainsi donc, et encore une fois, il faudra faire le tri dans Phantom Power, et accepter d’ingurgiter la dose de gras accompagnant forcément le cœur tendre et charnu de tout Animal Super Velu.