Critique : Flâner devant une vitrine et pousser la porte d’une librairie, à la recherche d’un conseil, d’une idée cadeau ou simplement pour venir découvrir de nouvelles quatrièmes de couverture. Souvent, dans un magasin de livres, les amateurs viennent chercher une atmosphère, une halte bienvenue dans une journée surchargée. Parfois échanger quelques mots avec un libraire.

Ces instants de vie, ce contact humain, sont totalement absents de la Petite histoire de la librairie française. L’écriture ascétique donne l’impression de suivre un cours d’université. Les nombreux détails et le rythme soutenu renforcent ce sentiment. Dommage pour un sujet qui aurait supporté davantage d’anecdotes ou de récits plus particuliers.

En dépit de sa forme tout à fait austère, l’ouvrage remplit son rôle didactique. On apprend ainsi l’origine des bouquinistes, des éditeurs ou encore la bataille qui s’est tenue en son temps sur le prix unique, entre les centres Leclerc et les autorités. Toutes ces évolutions témoignent de la place du livre dans la société. En effet, l’ouverture de « bibliothèques de gare » ou l’apparition du format poche sont le signe la démocratisation de la lecture. Elle se mêle à la transformation de l’idée même de l’ouvrage : autrefois consacré aux seuls érudits, le livre devient peu à peu un objet plus accessible, divertissant et indispensable au quotidien.

Les techniques du métier ont également évolué : alors qu’elles étaient soumises à la demande des clients jusqu’au XIXème siècle, aujourd’hui, le développement des librairies nécessite désormais d’avoir un rôle de conseils, de propositions et d’accompagnement vers l’achat. Les techniques se professionnalisent au cours du XXème siècle, avec l’apparition des grandes surfaces de vente, qui ont favorisé la découverte et l’achat spontané. Enfin, avec Internet, ce sont les animations qui vont créer la différence et surtout le lien avec le libraire. Ce dernier retrouve son statut de commerçant pas comme les autres.

Quid du livre numérique, de la liseuse ? Cette question n’est pas abordée.

Avec cette petite Histoire, rapide et survolée, de la librairie française, Patricia Sorel rappelle au lecteur son rapport aux livres, mais souligne également que son prix lui confère une certaine valeur. A l’heure où la consommation rapide et compulsive des produits culturels se généralise, notamment avec les plateformes, celui-ci conserve une place particulière dans le rapport au temps des individus. Les librairies, qui se sont sans cesse adaptées aux changements sociétaux, ont sans doute encore de quoi prolonger leur histoire.