Le 20 octobre 2024
Jim Jarmusch se lançait dans le polar distancié avec cet agréable exercice de style aux accents tarantinesques, qui offrait un rôle en or à Forest Whitaker.


- Réalisateur : Jim Jarmusch
- Acteurs : Forest Whitaker, Isaach de Bankolé, Victor Argo, Henry Silva, RZA, Cliff Gorman
- Genre : Drame, Thriller, Policier
- Nationalité : Américain, Français, Japonais, Allemand
- Distributeur : Bac Films, Les Acacias
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 1er décembre 2024 22:55
- Chaîne : TCM Cinéma
- Reprise: 14 décembre 2022
- Titre original : Ghost Dog: The Way of the Samurai
- Date de sortie : 6 octobre 1999
- Festival : Festival de Cannes 1999

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Résumé : Ghost Dog vit au-dessus du monde, au milieu d’une volée d’oiseaux, dans une cabane sur le toit d’un immeuble abandonné. Guidé par les mots d’un ancien texte samouraï, Ghost Dog est un tueur professionnel qui se fond dans la nuit et se glisse dans la ville sans qu’on le remarque. Quand son code moral est trahi par le dysfonctionnement d’une famille mafieuse qui l’emploie à l’occasion, il réagit strictement selon la Voie du Samouraï.
Critique : Présenté au Festival de Cannes 1999, Ghost Dog : La voie du samouraï est le septième long métrage de Jim Jarmusch. Le cinéaste s’était jusqu’alors distingué par des films indépendants décalés, de Permanent Vacation à Dead Man, en passant par Night on Earth. Ghost Dog est de la même veine, même si le réalisateur semble avoir disposé d’un budget plus cossu. Il mélange ici allégrement les genres, se référant au polar, au film de mafia, aux arts martiaux, au cinéma existentiel, le tout baignant dans une atmosphère de rap. Le scénario est linéaire et l’action efficace, ce qui en fait son film le plus accessible, malgré le caractère délibérément hybride du projet. La transposition du code des samouraïs dans le milieu new-yorkais est une convention que le spectateur accepte aisément, Jarmusch montrant avec subtilité les contradictions intérieures qui hantent le personnage.
- © 1999 Plywood Productions
Comme l’a écrit Philippe Azoury dans « Jim Jarmusch, une autre allure » (Capricci éditions, 2016) : « Le Ghost Dog doit à la fois se défendre et respecter la volonté de son maître. Il n’est pas le porte-lame d’un clan, mais l’ange gardien d’une personne. Géométrie incompréhensible de la fidélité et de la noblesse. Légèreté de celui qui s’avance vers la mort avec la conviction qu’il ne peut contester sa mission devant des truands vieille école qui eux aussi ont des problèmes de clan, d’ordre, et se prennent les pieds dedans. Une chose cependant les distingue : eux ne sont pas languides ». Bien sûr, le film est truffé de références, dont Le samouraï de Jean-Pierre Melville : on songe notamment au tueur à gages solitaire dont la seule compagnie est celle des oiseaux, qui par ailleurs alertent de l’intrusion de l’ennemi.
- © 1999 Plywood Productions
Le récit et son ambiance font aussi écho à divers films de gangsters des années 1990, dont Reservoir Dogs de Quentin Tarantino et Sonatine de Takeshi Kitano. L’opus de Jarmusch n’en perd pas pour autant sa singularité, et l’on reste notamment séduit pas le travail sonore, avec l’utilisation récurrente de la musique de RZA, membre du groupe de hip-hop Wu-Tang Clan. Le casting est également au top, du Français Isaach de Bankolé au second couteau élégant Henry Silva. Quant à Forest Whitaker, il trouvait là l’un des meilleurs rôles de sa carrière, après Bird de Clint Eastwood. Ghost Dog : La voie du samouraï connut un succès commercial mitigé aux États-Unis, mais une carrière honorable en France. Il reste révélateur de la griffe Jarmusch, même si l’on peut préférer des films plus aboutis du cinéaste, comme Down by Law.